Après 20 ans de politique municipale, Ginette Bellemare rentre à la maison

Le 8 novembre, Ginette Bellemare ne sera plus la conseillère municipale du district de Richelieu. Après 20 ans de vie politique municipale, la représentante du district de Richelieu tire sa révérence.

Rencontrée à quelques jours de sa dernière séance du conseil municipal, Ginette Bellemare disait avoir amorcé doucement son deuil de la vie politique, mais les émotions étaient encore vives.

Il faut dire qu’elle avait annoncé ses couleurs dès le début de mandat en annonçant qu’il s’agirait de son dernier. Et il n’aura pas été de tout repos!

« Au début du mandat, je savais que je m’en allais vers ma 20e année comme conseillère municipale. Je me suis dit que je prendrais alors ma retraite de la vie politique, indique-t-elle. Avec la pandémie, c’était une bonne étape pour en faire le deuil. J’ai toujours aimé rencontrer les gens, mais là, il y avait beaucoup de télétravail, on voyait moins les gens en vrai… J’ai commencé à faire les étapes de mon deuil tranquillement. »

Dernièrement, elle a vu le lancement de la campagne électorale municipale sans avoir à penser à l’organisation son itinéraire de porte-à-porte pour aller à la rencontre des citoyens de son secteur. Plusieurs s’étonnent d’ailleurs de ne pas voir son affiche parmi les autres cette année.

Cette semaine, Ginette Bellemare participait à sa toute dernière séance publique du conseil municipal, mettant un point presque final à un dernier mandat qui aura été tout sauf banal, entre Vision Zéro et la pandémie de COVID-19, en passant par les inondations de 2019 et la démission d’Yves Lévesque au poste de maire, propulsant Ginette Bellemare au poste de mairesse par intérim.

« J’ai reçu l’appel du directeur du cabinet du maire le 26 décembre, le jour de ma fête. J’en ai beaucoup parlé à ma famille, car ça représentait un horaire d’environ 80 heures par semaine. J’avais déjà commencé à présider les séances de travail depuis quelques mois, mais avoir le titre de mairesse par intérim, ça venait changer la donne », raconte celle qui rêvait de devenir mairesse de Trois-Rivières Ouest à ses débuts en politique municipale.

Et elle a plongé. Mais il n’était pas question qu’elle plonge seule dans cette aventure.

« On a pris le temps de s’asseoir, tout le conseil ensemble, pour déterminer quels étaient nos projets ensemble, où on s’en allait avec la ville, avec Vision Zéro. Puis, il y a eu les inondations. Je ne voulais pas le vivre seule. Les conseillers m’ont beaucoup accompagnée durant cette période. Les fonctionnaires ont aussi accepté de m’aider. Ce sont eux qui travaillent les dossiers. Je les voulais près de moi pour être plus solide », poursuit Ginette Bellemare.

Des regrets de ne pas s’être lancée dans la course à la mairie il y a deux ans? « Non… mais avoir eu 15 ans de moins, je l’aurais fait. »

« Mon mari a passé sa vie à me partager avec 6800 citoyens »

Si elle a un regret, c’est le dossier du mur antibruit pour lequel elle n’est pas parvenue à rallier la majorité du conseil afin d’intégrer le projet au Programme triennal d’immobilisations. « Ça fait 20 ans que je travaillais sur ce projet. Je déplore de ne pas être arrivée à le mener à terme. On avait accès à une subvention et avec Valérie [Renaud-Martin], on a beaucoup travaillé sur ce dossier. »

Durant ses 20 ans comme conseillère municipale, elle a contribué à l’implantation de vignettes de stationnement dans les rues près de l’Université du Québec à Trois-Rivières dans son district, a mis sur pied un concours fleuri pour donner de la fierté aux résidents envers leur secteur et les encourager à embellir leur demeure, ainsi qu’à la vitalité des fêtes d’été et du carnaval de district.

Elle se dit fière de la tenue de la consultation publique sur le développement du parc de la Charente.

« C’était important d’impliquer les gens dans la conception du nouveau parc. Il a un beau potentiel de développement, mais il y avait un enjeu d’harmonie dans le quartier. Plus de 80 personnes ont participé. Ça nous a permis de confronter les idées et de trouver des compromis. Ça a permis de les rassurer aussi. Les citoyens sont rendus plus loin qu’il y a 20 ans. Les familles veulent savoir, les gens sont plus informés. Dans mes débuts, les gens venaient voir leur conseiller au début d’un projet ou d’une idée. Maintenant, ils ont beaucoup de voies d’entrées pour faire cheminer un projet et on est leur dernière ressource, quand ils ne savent plus vers qui se tourner. »

Ginette Bellemare se considère chanceuse d’avoir fait ce dernier mandat. « Plusieurs nouveaux conseillers sont arrivés. Avec leurs idées, des conseillers comme Mariannick Mercure et Claude Ferron m’ont fait cheminer. On a avancé sur des dossiers comme la transparence et le code d’éthique. Ce sont des avancements qui ont été faits. Les façons de travailler ont changé. On a vu qu’on a fait de belles choses. J’en suis fière. »

Elle souhaite que le nouveau conseiller qui sera élu dans le district de Richelieu soit présent et à l’écoute des citoyens du district. En ce qui la concerne, Ginette Bellemare aimerait voir plus de femmes en politique et elle souhaite s’impliquer pour encourager les femmes à se présenter aux élections « Je veux partager mon expérience et mon vécu dans le parcours d’une vie en politique. »

Revenir auprès des siens

La conseillère municipale parle avec émotion de l’implication de toute sa famille dans cette carrière politique.

« Sans mon mari, tout cela n’aurait pas été possible, lance-t-elle, la voix brisée par l’émotion. C’est l’implication de toute la famille aussi. Les enfants ont été élevés dans la politique municipale. Ils ont fait des sacrifices. Mon mari a passé sa vie à me partager avec 6800 citoyens. Pour lui, c’était normal de rester à la maison avec les enfants le soir, alors que c’est moi qui devais souvent sortir pour le travail.Notre vie était prévue selon les réunions, les activités de représentations… C’est peut-être moi qui ai voulu être très présente aussi. C’était mon travail à temps plein. »

Cet horaire risque de lui manquer un peu. Elle en est consciente. « Je pense que je vais trouver ça difficile. Des gens du district disent qu’ils vont m’appeler quand même…! Je leur rappelle qu’ils auront un nouveau conseiller pour ça. J’ai l’impression que cette coupure de vouloir aider les gens, je ne la ferai peut-être jamais. »

« Là, je le sens, c’est la fin. Les gens m’arrêtent, me remercient. Ça me touche beaucoup, surtout quand ça vient de mes citoyens. Ça a été ma vie. Je quitte toute une vie d’implication. Au final, je sens que j’ai été appréciée comme mairesse par intérim et comme conseillère. Toute cette reconnaissance me touche énormément. »

Ginette Bellemare voit la date du 7 novembre arriver. Elle commence à avoir hâte, en fait, car elle sait qu’elle pourra se libérer la tête de toutes les informations en lien avec la Ville à partir de ce moment et retrouver un nouveau rythme de vie.

« Je pense que je vais me reposer, me remettre de ces émotions. J’ai commencé à recevoir des offres d’emploi et d’implications bénévoles par des gens qui me connaissent bien. Je veux me reposer jusqu’en décembre. On verra en janvier pour la suite. En attendant, je vais retrouver mon rôle de femme à la maison qui aime cuisiner, faire le ménage. J’aime être à la maison. J’y suis bien. »

Et puis, elle pourra acheter les cadeaux de Noël cette année, une tâche dont s’occupait essentiellement son mari, car elle était très occupée en décembre.

Peut-être recommencer à voyager.

Profiter du temps en famille.

Prendre le temps. Simplement.