Pègre locale pègre d’ailleurs

Dans les années 60 et 70, Trois-Rivières était presque une succursale de la pègre de Montréal. Plusieurs clans sévissaient, y compris celui du parrain de la mafia montréalaise, Vincenzo Cotroni.

Jean-Pierre Corbin s’intéresse tout particulièrement aux moeurs de l’époque car l’homme termine un livre sur la mort du sergent-détective Louis-George Dupont. Il a mené son lot de recherches sur les années 60 et 70.

« Le clan Cotroni était présent par l’entremise de son frère Frank, explique-t-il, on le voyait souvent dans les parages, lui et ses hommes. Ils avaient établi leur quartier général au Roi du spaghetti. Le resto était situé où se trouve aujourd’hui le magasin Zu qui se consacre à la décoration, l’édifice rouge sur la rue des Forges. »

Le clan Cotroni était actif dans plusieurs domaines de la criminalité, y compris le vol de conteneurs. Les membres du clan aimaient les courses de chevaux à l’hippodrome. On les voyait souvent en ville les fins de semaine.

Les membres du clan Dubois de Montréal étaient parfois repérés. « Ils n’étaient pas souvent ici, raconte Jean-Pierre Corbin. On les voyait à l’occasion au Gogo Bar sur la Rue Champflour. »

Le clan montréalais des frères Clermont faisait aussi sentir sa présence. On les apercevait parfois à l’hôtel des Trois-Rivières, où se trouve aujourd’hui le restaurant L’Essentiel.

Les pégreux d’ici

Par contre, la pègre locale ne se laissait pas intimider par les pégreux de Montréal selon M. Corbin. « Elle était plus forte qu’on ne le pense, dit-il. Un jour, un tueur à gages venant de Montréal a été assassiné parce qu’il avait osé s’en prendre à une prostituée du clan de Trois-Rivières. Son corps avait été jeté dans le fleuve avec la neige qu’on poussait au bord du quai. Il a été retrouvé au niveau de Portneuf. La rumeur veut que ce soit l’oeuvre de la pègre locale.»

Le mystère du Rio

M. Corbin ne serait pas surpris non plus que ce soit le clan local qui soit à l’origine de trois mystérieuses disparitions au Club Rio au début des années 1970. Le club se trouvait au sous-sol du théâtre Impérial, coin les Forges et Champlain. Les corps n’ont jamais été retrouvés. Selon une légende urbaine, ils auraient été coulés dans le béton d’un des chantiers de construction de l’époque.

La plupart de ces clans –et certains policiers aussi- n’hésitaient pas à engager des hommes de main dans des quartiers comme Ste-Cécile ou St-François d’Assise pour accomplir leurs sales besognes.

Cet article s’inscrit dans le dossier Au temps de la corruption à Trois-Rivières publié dans la section actualités. Lisez les articles suivants:

-De la corruption et des bordels

-Une ville de party

-Des informateurs payés avec de la marijuana

-La Kruger, la statue et la police (sections opinion)