«Les prisonniers font mieux respecter leurs droits fondamentaux que les personnes âgées»

La directrice de Carpe Diem – Centre de ressources Alzheimer, Nicole Poirier, réagit au fait que le gouvernement Canadien ait admis, lors du dernier sommet du G8, ne pas avoir de stratégie nationale pour la maladie d’Alzheimer.

«On laisse des gens vivre dans des conditions de vie qu’on n’accepterait pas. On brime les droits fondamentaux, ne serait-ce que l’enfermement. Normalement, la loi devrait nous empêcher d’enfermer des gens. Les prisonniers font mieux respecter leurs droits fondamentaux que les personnes âgées. Je pense que c’est l’aspect humain qui devrait ressortir, au Québec aussi d’ailleurs», commente Mme Poirier.

Elle se désole que, malgré sa participation à trois comités d’experts depuis 1996, aucun plan d’action n’a été mis en place pour accompagner les personnes atteints de la maladie d’Alzheimer et leur famille.

«Le gouvernement a conclu qu’il faudrait investir des millions et des milliards dans la recherche. On est d’accord: il faut trouver la cause et la maladie et la guérir, mais on questionne l’idée de favoriser le diagnostic précoce, tellement précoce qu’une personne n’a pas encore de symptômes et on lui dit qu’elle est susceptible de développer la maladie d’Alzheimer dans les prochaines années. On n’a pas de traitement sur le marché, mais pourquoi tient-on tant à diagnostiquer de façon précoce?» interroge-t-elle.

Mme Poirier précise qu’elle «pense que c’est aussi une question de compagnies pharmaceutiques qui ont des médicaments sur le marché. Toutes les énergies vont sur l’aspect médical. Ça en prend, mais la maladie peut durer 10 voire 15 ans, mais on n’a pas de stratégie dans les milieux d’hébergement. Jusqu’à présent, il s’est seulement créé des ressources intermédiaires au privé et le gouvernement a autorisé le remboursement de médicaments pour traiter la maladie».

Ayant participé à la Commission de la santé et des services sociaux sur le projet de loi n°52, Loi concernant les soins en fin de vie, Nicole Poirier insiste sur l’importance d’améliorer les conditions de vie et le soutien aux familles des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer.

«En France, par exemple, ils en sont à leur troisième plan. Ils ont entre autres créé des ressources à domicile, des unités spécialisées pour les familles et les professionnels…et ici, on attend encore un plan d’action», conclut-elle.