Les étudiantes sages-femmes ont pendu la crémaillère

COLLECTIVITÉ. Le 3335 et le 3337 rue Papineau sont officiellement devenus le domicile fixe des sages-femmes (ESF) du Baccalauréat de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), mercredi. Chaque session, plus d’une vingtaine d’étudiantes feront escale, le temps d’une nuit, sur les nombreux lits de cette auberge autogérée.

L’heure était à la fête, mercredi midi. Les 80 étudiantes du programme étaient attendues dans la cour arrière pour pendre la crémaillère et sabrer le champagne.

Moins d’une semaine après l’acquisition des logements situés à quelques minutes à pied du campus, les étudiantes avaient déjà personnalisé les lieux à leur gout pour en faire un endroit accueillant. Même si elles ont eu à acheter quelques petites babioles, l’auberge a été en grande partie meublée grâce aux dons.

«Ça y est, c’est fait!», s’est exclamée l’instigatrice du projet, Sandra Choquet, en admirant le résultat final. Encore aujourd’hui, elle doit se pincer pour y croire. «Ce que cette auberge va nous offrir, c’est de l’or!»

Les deux grands 5 ½ comprennent un total de sept chambres à coucher et hébergeront dix locataires à l’année. Lavoie, Bégin, Gagnon… Chaque pièce a été nommée en l’honneur d’une sage-femme pionnière.

Les nombreux divans-lits aménagés au sous-sol pourront quant à eux accueillir les sages-femmes en seconde, troisième et dernière année qui seront de passage lors de leurs nombreux déplacements et très souvent coûteux, requis par leur programme.

Parmi les neuf sessions de ce baccalauréat unique au Québec, six se déroulent en milieu de stage dans l’une des 13 maisons de naissance au Québec, allant de Gatineau à Rimouski. Les universitaires doivent aussi retourner à Trois-Rivières à l’occasion afin d’assister à des cours intensifs.

Les étudiantes sont donc pour la plupart sans domicile fixe durant quatre ans. Elles vivent pour ainsi dire sur la route, entre le foyer familial, le campus et leur lieu de stage. L’auberge autogérée leur permettra d’avoir un pied à terre en sol trifluvien et ainsi, sauver les couts d’un loyer supplémentaire.

Désormais, s’est réjouie l’étudiante à l’origine du projet, on aura plus à se casser la tête pour trouver un endroit où dormir. «Les années précédentes, je pouvais accueillir plus d’une dizaine de personnes dans mon petit 4 ½. On était beaucoup trop à l’étroit. Il nous fallait donc trouver une solution», a raconté Sandra Choquet.

On se souviendra qu’en décembre dernier, les étudiantes regroupées sous le nom de «L’Auberge autogérée des Étudiantes Sages-Femmes Québécoises (AAÉSFQ)» avaient fait appel à la générosité de la population afin de récolter le financement nécessaire à la réalisation d’une auberge autogérée pour les héberger.

À ce jour, plus de 50 000 $ ont été amassés ce qui leur a permis de devenir propriétaires d’une maison. Il s’agit d’ailleurs d’un projet unique puisqu’il n’existe pas d’autre hébergement de ce genre dans les universités du Québec.

Le recteur de l’UQTR, Daniel McMahon, a lui-même été très impressionné. Mercredi, il s’est déplacé à l’inauguration pour constater par lui-même le fruit des efforts des étudiantes. «C’est génial!», a-t-il laissé échapper. «Elles ont offert une alternative d’hébergement intelligente. Tout a été pensé pour tenir compte de la réalité des personnes inscrites dans ce programme», a souligné M. McMahon.

Puisque l’auberge ne fait pas partie du campus universitaire, l’établissement d’enseignement n’a pas été en mesure de soutenir financièrement le projet. Le recteur a tout de même tenu à offrir son aide personnel pour le mobilier.

À noter que L’AAÉSFQ est toujours à la recherche de lits superposés.

L’auberge pourrait prendre de l’expansion

La campagne de financement suit toujours son cours via leur page Gofundme. Les étudiantes songent éventuellement à acquérir les deux autres logements jumelés aux leurs pour mettre la main sur davantage d’espace. Avec cinq adultes et cinq enfants, l’étage supérieur est déjà plein à craquer.

«Pour ce début de session, certaines filles vont installer des tentes dans la cour extérieure à raison de trois nuits. Lors de l’intensif de janvier, ça va être un peu plus compliqué de dormir dans la neige», concède Sandra Choquet en riant.

Cet hiver, l’étudiante envisage de louer l’un de deux logements inutilisés appartenant à un couple de personnes âgées. Lorsqu’ils vont vendre, soutient-elle, l’AAÉSFQ achètera les deux autres 5 ½ pour porter à quatre leur nombre de logements.