La Ville franchit une première étape vers la rénovation du QG de la police

Les élus du conseil municipal ont voté à majorité pour autoriser les études d’avant-projet, la fourniture de services professionnels pour la conception des plans et devis et la surveillance des travaux dans le cadre de l’agrandissement et de la rénovation du Quartier général de la police.

Cela représente un investissement de 5 675 000$, dont environ 300 000$ pour la réalisation d’un plan fonctionnel et technique (PFT) qui permettra de mieux définir les besoins pour le Quartier général.

Rappelons que le projet prévoit le réaménagement du Quartier général, incluant le déménagement de la cour municipale, actuellement située dans le secteur Cap-de-la-Madeleine, sur le site du QG du boulevard des Forges.

La Ville avait prévu un montant de 25 M$ au Plan triennal d’immobilisations 2022-2023-2024, mais avec les récents projets comparables qui ont été lancés à Lévis et Sherbrooke, notamment, on s’attend à une forte augmentation des coûts pouvant frôler les 55 M$, dont le cinquième sera acquitté à l’aide de subventions (10 M$).

D’autres scénarios avaient été évalués, dont la mise en place de postes périphériques, ce qui n’a pas été retenu au final. La décentralisation de certaines sections spécialisées de la police pourrait également entraîner une hausse des coûts administratifs dans le fonctionnement.

Depuis le mois de septembre, Maxime Gagnon, directeur de la Police de Trois-Rivières, est allé à la rencontre de ses homologues dans plusieurs villes et a visité les postes de Lévis et Laval, notamment. À tous les postes de police visités, les grandes orientations visent d’ailleurs à regrouper les policiers dans les mêmes locaux.

« On n’est pas à part des autres, en ce sens où c’est ce qui se passe partout dans la province. On pense que le lieu du QG actuel est le meilleur endroit dans la ville, entre autres par sa position centrale et les axes routiers. Là, on a quatre accès. En comparaison, si on déplaçait le Quartier général au centre-ville, on viendrait rallonger le temps de déplacement et on ne veut pas voir des policiers circuler d’urgence au centre-ville. Ce n’est pas idéal », indique M. Gagnon.

Au fil des années, la Direction de la police est parvenue à ajouter six locaux dans le bâtiment, ainsi qu’un ascenseur permettant de faire entrer des détenus en chaise roulante, le cas échéant. Toutefois, l’espace manque. « Il y a eu l’ajout d’une travailleuse sociale, du CAVAC et des gens au niveau communautaire. Il n’y avait plus de place. Une vingtaine de policiers ont été relocalisés du côté de la caserne 3 sur la rue Rochefort. Cette division sociocommunautaire devrait être dans le Quartier général. Le renseignement criminel s’est beaucoup développé aussi depuis le temps », souligne le directeur de la Police de Trois-Rivières.

Par ailleurs, le bloc cellulaire actuel ne correspond pas à la majorité des recommandations en aménagement et en sécurité. « Un détenu passe et il y a une secrétaire à côté. Ce n’est pas normal. On a aussi beaucoup de difficultés à réunir les policiers ensemble. Par exemple, on compte 20 enquêteurs répartis en trois bureaux. On perd de l’efficacité en transmission des informations. On peut séparer les divisions, mais je pense que c’est la pire décision à prendre pour notre centre de police en ce moment, ajoute M. Gagnon. Je conviens que les montants sont élevés, mais si on le fait dans cinq ans, ça coûter sans doute pas mal plus cher. »

Neuf sites ont été explorés dans l’éventualité d’un déménagement du Quartier général. Finalement, c’est l’agrandissement du bâtiment existant qui a été privilégié.

« On n’a pas les moyens »

Les conseillers François Bélisle, Luc Tremblay, Pascale Albernhe-Lahaie, Richard W. Dober et Pierre-Luc Fortin ont émis des réserves face au projet dans la formule proposée, au point de s’opposer aux études d’avant-projet.

« On a la rénovation de la sale J.-Antonio-Thompson et de l’aéroport dont les coûts ont explosé. On a moins de marge de manœuvre pour ces dossiers, car des subventions gouvernementales sont impliquées. Les travaux au poste de police ont aussi été révisé à la hausse. Je ne nie pas les besoins des policiers. Ils nous ont été bien exprimés. Nous, les élus, en bons gestionnaires de fonds publics, il nous faut l’ensemble de la photographie des besoins de la ville, exprime François Bélisle, conseiller du district de Pointe-du-Lac, qui a demandé le vote sur la résolution. Je pense qu’il faut retravailler le dossier pour l’amener à ce qu’il soit plus raisonnable pour respecter la capacité de payer des citoyens. »

« Ça en fait beaucoup à payer en même temps, renchérit Pierre-Luc Fortin. Quand on fait ces choix, on renonce à autre chose. Il y a beaucoup de défis. Le contexte n’est pas bon. On n’a pas les moyens. »

L’administration municipale soutient qu’il est possible d’arrêter les démarches après le plan fonctionnel et technique sans avoir à s’engager financièrement pour les autres éléments de l’avant-projet.

« J’ai défendu le point contraire dans les dernières semaines, admet Daniel Cournoyer, conseiller du district de Sainte-Marthe. Je voulais qu’on regarde ailleurs. M. Gagnon a répondu aux questions que j’avais, tout comme du responsable des infrastructures. Je suis d’accord pour qu’on aille de l’avant avec le PFT qui est un incontournable. On verra pour la suite par après, mais ça nous donnera la chance de fouiller le fond du dossier. »

D’autres conseillers ont également déploré que le projet de rénovation du Quartier général ait autant été reporté. « Si on ne le fait pas bientôt, ça va coûter encore plus cher. On se dit qu’on aurait dû le faire avant. On en voit le résultat aujourd’hui. Si on attend encore, ce seront des coûts encore plus faramineux », plaide Sabrina Roy, conseillère du district de la Madeleine.

Une rénovation complexe

Cela fait plusieurs années que le projet se discute. L’agrandissement permettrait d’ajouter 23 100 pieds carrés au bâtiment existant.

Le projet de rénovation tel que présenté est estimé à environ 611$ le pied carré, comparativement à 750$ le pied carré dans d’autres projets comparables au Québec. « On est assez confortable avec ce prix. Il est question de 30 M$ pour la construction, auxquels on ajoute la contingence, les services, etc. Ce n’est pas un bâtiment ordinaire. Il y a des normes complexes à respecter », explique Éric Angers, directeur de la gestion des eaux et des immeubles à la Ville. 

Au moment des travaux, la difficulté majeure sera de procéder à la rénovation des lieux tout en s’assurant que le poste demeure pleinement fonctionnel.

« Il n’existe pas de guide pour la construction d’un poste de police complet, fait remarquer le directeur de la Police de Trois-Rivières. Par exemple, dans la salle d’interrogatoire vidéo, il ne faut aucun bruit ambiant. Il y a aussi des normes concernant le 911, car le service ne peut pas être au sous-sol. On s’en sort de notre côté parce que ce n’est pas un vrai sous-sol, mais il faudra y penser. »

Si tout va bien, la Ville pourrait recevoir le PFT du projet dans environ six mois.  « Le plan fonctionnel et technique nous aidera à établir l’envergure du projet. Il y aura des éléments du projet avec lesquels on pourra jouer et réévaluer à ce moment. Lorsqu’on recevra le PFT, il vous sera présenté avant de voir si on poursuit avec les plans et devis », assure M. Angers.