« La STTR est vulnérable »

La Société de transport de Trois-Rivières (STTR) s’avèrerait vulnérable face à des incidents majeurs touchant ses technologies de l’information et ses installations, indique le vérificateur général de la Ville, Jacques Bergeron, dans son rapport 2022.

L’audit réalisé par M. Bergeron révèle que la STTR « n’a pas pris les mesures nécessaires pour assurer la relève adéquate de ses technologies de l’information (TI), de même que la continuité des affaires de ses fonctions critiques » dans l’éventualité où un sinistre viendrait affecter ses opérations de façon important.

« Il n’y a pas de plan précis en place si, par exemple, les serveurs informatiques ne fonctionnent plus ou s’il y a un incendie dans le garage. Dans les deux cas, la STTR est vulnérable. Les dirigeants ont de bonnes idées, mais elles ne sont pas consignées dans un plan précis. C’est très préoccupant. Si une telle situation était transposée à Montréal, ce serait un scandale majeur », affirme Jacques Bergeron.

Le vérificateur général précise qu’une préparation structurée serait bénéfique pour réagir efficacement si une situation de crise majeure provoquait une interruption de service. Présentement, il n’existe pas de documentation qui précise, par exemple, pendant combien de temps la STTR peut se passer de son service TI sans que cela n’ait un trop grand impact sur ses services ou encore de ce qu’il adviendrait de l’entretien des autobus si un sinistre survenait au garage de la STTR. Toutefois, l’organisation a mis sur papier un processus de gestion des incidents informatiques, mais il ne comprend pas de bilan d’accidents documentés.

Le vérificateur général craint que, sans la documentation adéquate et l’analyse associée à une procédure de relève, la STTR soit incapable de réagir rapidement et efficacement advenant un incident majeur affectant toutes les technologies de l’information ou les fonctions d’affaires.

« La mise à jour d’un plan de relève et de continuité des services est très importante aussi, car ça permet de faire des simulations de cas de désastre, note M. Bergeron. Comme il n’y a pas de programme de relève des TI ni de continuité des affaires documenté, la STTR n’a élaboré aucun programme de formation et d’exercices.  Aussi, il y a une absence de reddition de comptes aux élus à ce sujet. J’apprenais cet enjeu aux conseillers quand je leur ai présenté le rapport mardi après-midi. »

M. Bergeron a également mentionné qu’il y a eu une certaine résistance de la part de la Société de transport de Trois-Rivières. « C’était en lien avec l’ampleur de la STTR comparativement à l’utilisation des services. Au début, on nous disait qu’il y avait uniquement 5% de la population qui utilisait le service, alors pourquoi avoir un plan béton qui coûterait de l’argent à produire, explique le Vérificateur général de la Ville. Ce sont des procédures qui ne coûtent pas cher à produire et la STTR est un service essentiel qui est notamment utilisé par les étudiants, les personnes à mobilité réduite, les personnes ne possédant pas de véhicule, etc. Au final, je pense que la direction a bien compris ce qu’on amenait, car elle a bien accepté nos recommandations et va les mettre en pratique. »

Un budget indexé demandé

Afin qu’il puisse mieux réaliser son mandat, le vérificateur général recommande au conseil municipal de Trois-Rivières d’ajuster le budget du Bureau du vérificateur général pour qu’il se situe à un niveau comparable à celui de ses homologues, soit entre 548 000$ et 619 000$ et qu’un mécanisme soit mis en place pour ajuster annuellement le budget du Bureau du vérificateur général en fonction de la progression du budget de la ville.

« Le budget n’est pas indexé. Ça nous interpelle beaucoup, car ça amène une injustice importante sur le budget de notre bureau dans la mesure où on est aussi touché par l’inflation. Cela nous permettrait aussi peut-être de réaliser deux ou trois missions de plus et d’embaucher des consultants », précise-t-il.

Jacques Bergeron se considère toutefois choyé dans la mesure où ses surplus budgétaires, s’il y en a, sont reportés à l’année suivante et qu’il a la possibilité d’aller en soumission sans appel d’offre. Cela fait en sorte qu’il peut accorder des contrats supérieurs à 25 000$, tout en garantissant une confidentialité dans les processus.

Matières résiduelles et érosion des berges

Le Bureau du vérificateur général a entamé une mission d’audit sur le traitement des matières résiduelles par la Ville et Énercycle pour s’assurer que des moyens ont été mis en place pour gérer efficacement la collecte, le transport et le traitement des matières résiduelles. Le tout se retrouvera dans le prochain rapport du vérificateur général.

M. Bergeron est aussi en réflexion sur la pertinence d’entreprendre des travaux d’audit en lien avec les risques liés à l’érosion des berges et aux glissements de terrain, ainsi que le schéma de couverture de risques en sécurité incendie.

Bien que l’audit de ces deux enjeux ne soit pas encore confirmé et qu’une réflexion est en cours, le vérificateur général démontre un fort intérêt à les aborder dans son prochain rapport.

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