La Résiliente en l’honneur de sa fille

La pandémie de la COVID-19 a entraîné une hausse des problèmes en santé mentale, mais également de troubles alimentaires, un phénomène dont on perçoit à peine l’ampleur. La famille de Julie Lemieux a été touchée par ce phénomène au cours de la dernière année, sa fille étant de retour sur le droit chemin, notamment grâce au Pavillon Arc-en-Ciel.

Des soins reçus rapidement et un suivi serré de la part des professionnels de la santé ont accéléré sa guérison qui est maintenant à portée de main. Au cours des derniers mois, Julie Lemieux a pu observer que de nombreuses familles ont traversé la même épreuve.

« Disons que le fait d’être isolée sur son téléphone et de regarder sans arrêt des vidéos de filles qui mangent à peine et de se donner des trucs pour moins manger n’a pas aidé. Elle était fragile à ça et l’isolement est venu lui nuire. On s’en est rendu compte après quelques mois et on a dû travailler fort pour l’amener consulter », confie la maternelle.

« Aujourd’hui, elle le dit elle-même que plus elle regardait de vidéos, plus elle sait qu’on lui en envoyait davantage avec les algorithmes (de réseaux sociaux). Les filles sont capables de savoir les trucs pour se faire vomir et les coupe-faim. Il existe plusieurs groupes où elles se partagent les informations. Les enfants aux prises avec des troubles alimentaires sont bien là-dedans et manipulateurs. Ils ne veulent pas que tu les fasses prendre de poids et pour eux, tout va bien. Ce ne sont pas des adultes non plus alors pour eux, leur vie va bien. »

Sa fille a pu recevoir les soins requis à Trois-Rivières, encadrée par les intervenants du Pavillon Arc-en-Ciel.

« On a eu de bons soins et les intervenants étaient sévères avec nous. Si tu veux que ton enfant s’en sorte, tu dois suivre les directives à la lettre. Au début, tu es dans le doute, tu ne connais pas ça et tu ne sais pas comment ça va se passer alors tu es un peu hésitant. Tu leur donnes ton enfant et ce sont eux qui prennent le contrôle, alors ce n’est pas toujours évident pour le parent », ajoute-t-elle.

« On a été chanceux de ne pas se rendre à l’Hôpital Sainte-Justine et de pouvoir avoir des soins ici, à Trois-Rivières. Il y a des jeunes qui se rendent jusqu’à l’arrêt des battements de cœur, mais ce ne fut pas le cas pour ma fille. Ce n’est pas facile au début lorsque tu lui apportes son repas, trois fois par jour, comme un cabaret. Tu dois faire de la surveillance continuelle et je l’ai vu pleurer devant son assiette au point où tu veux parfois même jeter son assiette. On est fier d’elle maintenant, fier de voir qu’elle s’est sortie de cette phase-là. »

Une bière pour la cause

La propriétaire du Marché du Boisé a donc eu l’idée de faire concevoir la bière La Résiliente, non seulement en l’honneur de sa fille, mais surtout dans le but de redonner au suivant en utilisant sa propre expertise. Cette bière aux accents tropicaux se veut au style New England IPA. Un montant de 2$ par canette vendue sera donc versé à la Fondation régionale pour la santé de Trois-Rivières afin de bonifier les services offerts par les établissements de santé bénéficiant des dons de la Fondation RSTR, qui viennent en aide aux familles. 

« Je voulais redonner aux gens qui ont aidé ma fille, notamment au Pavillon Arc-en-Ciel, pour aider aussi les autres enfants et les autres familles qui ont recours à leurs services. Ça faisait longtemps que je voulais faire une bière, mais je ne prenais jamais le temps. Là, tout est tombé à point », confie-t-elle.

« J’ai un ami à moi, Guillaume Ouimet, qui vient de Trois-Rivières et qui possède la microbrasserie Les Insulaires, à Laval. Je lui ai demandé et il a dit oui. Mon but, ce n’était pas faire de l’argent, mais d’avoir du plaisir et j’ai pensé à la cause en même temps. Ensuite, j’ai contacté l’artiste-peintre Suzanne Béland, qui habite dans le secteur. Elle m’a dit de piger une de ses œuvres dans son Facebook. Elle a été très généreuse. On a choisi une œuvre qui représentait vraiment la résilience, et ma fille, même si ce n’est pas elle sur la peinture. »

Tout près de 1000 canettes de La Résiliente sont donc en vente, en exclusivité au Marché du Boisé, à Trois-Rivières.

« Je n’exclus pas de créer une nouvelle bière éventuellement, pour une autre cause. Je trouve ça le fun et je trouve ça important de mettre en lumière un problème qui existe et qui touche d’autres gens, que ce soit des troubles alimentaires ou autres choses », conclut-elle.