«La médecine de refuge a le vent dans les voiles»

La médecine de refuge fait encore figure de médecine de deuxième zone au sein de la pratique vétérinaire. La Société protectrice des animaux (SPA) de la Mauricie fait en quelque sorte office de leader en la matière, étant la deuxième SPA du Québec à avoir embauché un vétérinaire à temps plein et en accueillant la première stagiaire en médecine de refuge.

Il était devenu nécessaire d’avoir un vétérinaire sur place à temps plein en raison du nombre d’animaux reçus. Surtout qu’auparavant, le vétérinaire n’était présent qu’environ huit heures par semaine.

«L’an dernier, nous étions la deuxième SPA au Québec à embaucher un vétérinaire à temps plein. C’était l’occasion de commencer à travailler sur l’implantation d’une médecine de refuge. C’est très nouveau au Québec et Anne [Marsan] fait partie d’un comité chargé d’adapter les normes déjà existantes aux États-Unis à la réalité du Québec», explique Serge Marquis, directeur général de la SPA Mauricie.

La médecine de refuge est implantée chez nos voisins du Sud depuis plus d’une dizaine d’années. Cette nouvelle approche de la médecine vétérinaire vise à améliorer la santé, la qualité et l’espérance de vie des animaux de compagnie qui sont tous stérilisés, vaccinés et vermifugés. Le but est d’offrir aux animaux abandonnés les meilleurs traitements pour qu’ils soient la meilleure option d’adoption pour les familles et personnes désirant un chat ou un chien.

Et l’arrivée du Dre Anne Marsan n’est pas passée inaperçue à la SPA Mauricie. L’établissement s’attendait à 1400 adoptions, mais au cours des six mois en compagnie de Dre Marsan, la SPA a dépassé les 1600 adoptions.

«Les gens s’attendent à adopter un animal vermifugé, traité et en pleine forme. C’est le point central», souligne M. Marquis.

L’expérimenter pour apprendre à la connaître

Tel qu’annoncé il y a deux semaines, la SPA Mauricie est la première SPA à accueillir une stagiaire en médecine de refuge.

«Les stages de formation se greffent au défi d’implanter la médecine de refuge au Québec. Si les étudiants ne viennent pas faire de stage, ils ne peuvent pas connaître précisément en quoi ça consiste. L’ouverture de l’université est très importante», indique Dre Anne Marsan.

D’ailleurs, selon Serge Marquis, la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal aurait entamé une réflexion à l’interne pour évaluer la possibilité d’ajouter des cours pratiques et davantage de présence dans le milieu de la médecine de refuge dans le cursus de formation.

C’est en expérimentant la médecine de refuge que Mélyssa Milette, finissante de cinquième année au Doctorat en médecine vétérinaire et stagiaire à la SPA Mauricie, s’est découvert un intérêt pour ce type d’approche.

«Il y a un refuge à la Faculté qui est géré par des étudiants et l’été, ce sont des étudiants employés qui le gèrent. J’aimais voir le refuge grandir. Au début, ce sont les animaux abandonnés qui m’intéressaient. J’ai fait du bénévolat au refuge. Le déclic s’est fait en 2e année quand j’y ai travaillé durant l’été. On était deux étudiants à gérer le refuge de A à Z. C’est valorisant de voir un animal être adopté», raconte Mélyssa Milette.

«Là, les étudiants voient qu’il y a une possibilité pour l’avenir et on remarque que l’intérêt est présent chez eux. Les vétérinaires sont aussi ouverts. La médecine de refuge a le vent dans les voiles. Notre travail est de s’assurer que l’animal ressorte en pleine forme. Parfois, ça implique de pratiquer des interventions mineures, de petites chirurgies», précise Dre Marsan.

Reconnaissance

Le défi des prochaines années: faire reconnaître la pratique de la médecine de refuge.

«Ce serait déjà un gros pas. Avant, c’était pratiquement considéré comme de la médecine de brousse ou une médecine de deuxième zone, mais c’est une médecine qui a sa place. On vise la reconnaissance pour 2013. On travaille de façon acharnée pour établir les normes de la pratique cette année», affirme Dre Anne Marsan.

«On est capable d’offrir des défis professionnels. Comme on est là 40 heures par semaine, on est en mesure de faire des suivis. Notre travail, c’est plus qu’euthanasier ou examiner des animaux. C’est beaucoup plus vaste et il faut une polyvalence plus accrue», conclut-elle.

L’Association des vétérinaires du Québec en médecine de refuge tiendra son premier colloque le 1er juin avec quatre conférences au programme.