Jean Doyon, le promoteur à la conscience verte

Propriétaire du Domaine des 30 Arpents dans le secteur Pointe-du-Lac, Jean Doyon a su faire la démonstration que développement et environnement font bon ménage. Récemment, le conseil municipal a approuvé son Plan d’aménagement d’ensemble pour le Domaine, qui prévoit notamment la protection d’un boisé jusqu’ici entretenu et aménagé par des citoyens bénévoles. Bien qu’il pourrait tout raser pour vendre plus de terrains, il tient à le conserver et à en faire un lieu distinctif.

Il lui a fallu 30 ans pour bâtir le Domaine des 30 Arpents tel qu’on le connait. Jusqu’à présent, M. Doyon a vendu 600 terrains. Le Plan déposé à la Ville prévoit en développer 250 autres dans les années à venir, tout cela en tenant compte des milieux humides et des espaces verts à préserver.  

C’est dans cette nouvelle phase de développement que sera préservé le grand boisé, à l’angle de la rue Dugré et de la route 138. « J’appelle ça mon grand jardin, laisse tomber M. Doyon. C’est un boisé propre dans lequel il est agréable et sécuritaire de se promener grâce aux gens qui l’entretiennent. C’est déjà très beau. La Ville n’aurait qu’à installer un petit pont pour traverser la rivière et les gens pourraient se rendre à pied sur les terrains de jeux derrière l’école. Ça pourrait déboucher là, il ne manquerait qu’un petit pont. »

« J’aurais pu mettre des maisons là et faire de l’argent avec les terrains, mais non. Je préfère que ça reste boisé, ajoute-t-il. Comme tout le monde, un jour, je ne serai plus là et j’aimerais que ce soit mon legs en quelque sorte. Je veux laisser ma trace avec quelque chose de beau. »

Ces derniers mois, M. Doyon et son équipe ont travaillé fort pour concevoir le Plan d’aménagement d’ensemble. C’est d’ailleurs la 24e version du plan qui a été approuvée par la Ville. 

« La rue principale du nouveau développement de 250 terrains arrivera en face du parc Antoine-Gauthier, précise le promoteur. C’est un projet à long terme, ça va s’étaler sur plusieurs années. Dans les coins où les arbres sont de très belle qualité, on va faire enfouir les fils électriques. Oui, ça coûte plus cher, mais ça me permet de conserver des arbres qu’il aurait fallu couper autrement. Ça prend cinq mètres de chaque côté des fils aériens. On perd trop de bons arbres en faisant ça. » 

Le Plan d’aménagement d’ensemble permet de réunir divers critères et objectifs à respecter, notamment en ce qui a trait au pourcentage d’espaces verts conservés, la présence de milieux humides, la densité du développement, l’accessibilité, la présence du transport en commun, etc.

« M. Doyon a été plus proactif sur la conservation des arbres, l’architecture et l’ambiance paysagère. C’est facilitant parce qu’il sait où il veut aller et on voit que le quartier a une cohérence, une identité », souligne Dominic Thibeault, directeur de l’aménagement et du développement durable à la Ville de Trois-Rivières.

« Ce secteur, c’était une forêt à l’époque, renchérit Robert Lajoie, urbaniste en chef à la Ville. Il y avait beau potentiel de parc central dans le secteur. M. Doyon nous a même demandé un Plan d’implantation et d’intégration architecturale (PIIA) pour le secteur en plus du Plan d’aménagement d’ensemble. Ça, c’est rare. Il a tenu ce PIIA à bout de bras. »

Un accompagnement sur mesure

M. Doyon ne se fixe pas de date butoir pour vendre les nouveaux terrains puisqu’il aime prendre le temps de bien choisir chaque projet résidentiel. Il rencontre un à un les acheteurs et leur explique même comment conserver les arbres en santé qui se trouvent sur le terrain choisi. 

Jean Doyon travaille comme ça depuis 30 ans. Bien avant que l’environnement soit le sujet de l’heure, il accordait déjà une attention particulière à la protection des milieux humides et la coupe des arbres.  

« J’ai toujours eu de l’intérêt pour la nature et les arbres en particulier, confie-t-il. Quand j’étais adolescent, j’ai fait partie des Clubs 4-H où on enseignait aux jeunes la protection de la faune et de la flore. C’était un mouvement provincial très actif dans lequel j’ai évolué. J’ai été campeur, chef d’équipe, moniteur et vice-président provincial. »

« Depuis le début des 30 Arpents, j’ai cette conscience environnementale, renchérit ce dernier. Je qualifie mon développement du plus vert à Trois-Rivières. J’explique à mes acheteurs comment conserver leurs arbres sur leur terrain. Je leur dis de surveiller les travaux sur le terrain pour ne pas que les pelles mécaniques coupent trop de racines en creusant, pour que les arbres restent beaux et en santé. Je leur donne même des conseils pour qu’ils puissent profiter le plus possible du soleil durant la journée, par rapport à l’orientation de la maison et l’emplacement du garage, par exemple. »

Un changement de carrière inattendu

Avant d’être promoteur, l’homme d’affaires a travaillé dans le domaine de la finance pendant plusieurs années. « Mon père avait son entreprise d’excavation et génie civil. Il y a environ 10 ans, j’ai pris une préretraite pour accompagner mon père malade dans son entreprise, raconte-t-il. Environ un mois plus tard, il n’avait plus la santé pour rentrer travailler. J’ai donc repris les rênes de la compagnie. J’ai dû apprendre rapidement. On avait 4 employés à mon arrivée et maintenant, on n’est pas loin de 50 chez Groupe Doyon. Et là, ma fille est en train de prendre la relève. »

Le Domaine des 30 Arpents, c’était son premier projet comme promoteur. À l’époque, pour développer sa vision, il a visité des quartiers huppés aux quatre coins du Québec, à Terrebonne notamment.

(En collaboration avec Marie-Eve Alarie)