Faire de l’argent avec des déchets

Recycler, c’est payant. Parlez-en à Philippe Gignac et Mikee Gervais, les propriétaires et fondateurs d’Uni-Recycle, une entreprise trifluvienne qui crée de la richesse à partir de déchets.

L’entreprise a été fondée en 2016 avec le désir d’apporter une solution nouvelle et clé en main pour aider les entreprises à recycler leurs produits électroniques. Uni-Recycle s’appuie sur les principes de l’économie circulaire pour réutiliser et recycler le matériel récupéré au moyen de son service de collecte gratuit.

« On se déplace dans les entreprises pour faire la collecte du matériel électronique et informatique qu’elles ne veulent plus. C’est gratuit, il n’y a pas de minimum, pas de maximum et pas de conditions, indique M. Gignac. Ça n’a pas besoin d’être préparé ou mis quelque part. Les gens n’ont rien à faire. On s’occupe de tout, en s’assurant de la confidentialité des données, pour ce qui est des disques durs notamment. » 

Le matériel est ensuite apporté à l’entrepôt de Trois-Rivières, situé sur la rue du Père-Daniel. De là, un tri est fait. Ce qui est encore bon sera vendu et ce qui ne l’est plus sera recyclé. « On est une compagnie de recyclage qui va faire le plus possible pour l’équipement qu’on collecte, soutient M. Gignac. On étire au maximum la vie utile de l’équipement avant de le recycler. Par exemple, si on ramasse un écran d’ordinateur qui ne fonctionne plus du tout, on va tout de même garder le pied de l’écran, qui lui est encore bon et pourra être utilisé. »

C’est d’ailleurs de cette façon que l’entreprise arrive à être rentable, malgré le fait que son service soit gratuit. « C’est sûr qu’il y a des clients qui ne sont pas rentables, mais on le voit sur l’ensemble. On arrive à faire des profits en vendant des choses ou en leur donnant une deuxième vie », explique M. Gignac.

Frappée par la pandémie en 2020, l’entreprise a su relever le défi en se tournant vers le web. Depuis quelques mois, elle affiche aussi ses produits en ligne. « On met en ligne des objets comme des lecteurs VHS. On donne la chance à cet objet d’avoir une deuxième vie utile et si jamais il ne trouve pas preneur après un an, on recycle les pièces », mentionne M. Gignac. 

Repenser la façon de recycler

Le projet entrepreneurial de Philippe Gignac et Mikee Gervais est né d’un constat. « Avant, je travaillais dans une entreprise qui utilisait les services d’un programme de recyclage gouvernemental, raconte M. Gignac. Il y avait de grosses lacunes, tant au niveau de la confidentialité que du service. J’avais une vision vraiment différente. Pour moi, une entreprise qui veut recycler, il faut la remercier et l’aider à le faire. »

« Il n’y a pas de loi qui oblige les entreprises à recycler, alors il faut rendre ça le plus simple possible pour qu’elles aient envie de le faire, renchérit ce dernier. C’est comme pour nous à la maison. Il n’y a pas de loi qui nous empêche de jeter le papier à la poubelle. Ce qu’on recycle, c’est bien, mais si c’était compliqué, on ne le ferait pas tous. Si on disait à quelqu’un de descendre trois étages et de payer 5 $ chaque fois qu’il met un morceau de carton au recyclage, personne ne le ferait. »

Au tout début, en décembre 2016, le duo d’entrepreneurs avait un entrepôt dans un conteneur à Champlain. Sans électricité, sans lumière et en plein hiver, les associés défaisaient les appareils pièce par pièce avec leurs gants et leurs mitaines. « Ce n’était pas simple ni optimal, mais c’était les moyens qu’on avait à ce moment-là, lance en riant M. Gignac. On ne s’est pas laissé arrêter par les obstacles qu’on a rencontrés. »

Trois mois plus tard, ils ont décroché un gros contrat. Le volume étant trop grand pour leur conteneur, ils ont loué un petit entrepôt de 800 pieds carrés sur la rue du Père-Daniel. Depuis, la croissance n’a jamais cessé. L’entreprise a maintenant 6 000 clients à travers la province et elle est sur le point de lancer ses activités en Ontario. « On a franchi, il y a deux mois, notre 10 000e collecte, mentionne M. Gignac. On a présentement 12 500 pieds carrés d’entrepôt et on emploie de 18 à 20 personnes à temps plein, selon la période de l’année. »

Engagement communautaire

Au-delà de ses activités quotidiennes, l’engagement communautaire fait partie des valeurs d’Uni-Recycle. Au cours des quatre dernières années, l’entreprise a donné plus de 50 % de ses profits à diverses causes et organisations à vocation sociale en appuyant plusieurs initiatives.

Entre autres, l’entreprise s’est associée avec le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) pour mettre en place un programme de travail pour les personnes vivant avec une déficience intellectuelle ou un trouble du spectre de l’autisme.

« Les gens vont venir nous donner un coup de main pour démanteler en pièces des équipements qui n’ont plus de vie utile, précise M. Gignac. Une personne du CIUSSS sera avec eux en tout temps pour les assister dans leur tâche. Ce sera cinq jours par semaine et chaque personne fera une à deux journées de travail par semaine. Au total, ce sera environ 30 personnes qui vont travailler à temps partiel pour l’entreprise dans le cadre de ce projet. »

De plus, en 2020 seulement, Uni-Recycle a donné plus de 44 000 $ à la Fondation Mira pour appuyer le dressage des chiens d’assistance. L’entreprise plante également chaque année des centaines d’arbres dans différentes villes du Québec. Il y a quelques jours, plus de 200 arbres ont été plantés à l’Université du Québec à Trois-Rivières pour remplacer ceux qui ont été brisés par la rafale du 8 juin dernier.

Un prix canadien

Uni-Recycle a récemment remporté une subvention de 10 000 $ en participant au concours national #AidonsNosPME de TELUS visant à soutenir les entreprises locales durant la pandémie. Uni-Recycle fait partie des dix entreprises choisies parmi des milliers de candidats à travers le Canada.