Trois-Rivières s’engage pour la protection de la biodiversité

Alors que la COP15 de la biodiversité débute à Montréal, la Ville de Trois-Rivières adhère à l’Engagement de Montréal: les villes unies et en action pour la biodiversité et s’engage ainsi a accomplir 15 actions visant à protéger la biodiversité et les écosystèmes.

L’Engagement de Montréal: les villes unies et en action pour la biodiversité cible des actions en lien avec la réduction des menaces à la biodiversité, le partage des bienfaits de la biodiversité, de même que l’introduction de la biodiversité dans la gouvernance, les mécanismes de gestion et l’éducation.

Des mesures ont déjà été mises en place par la Ville. On peut penser à l’adhésion de Trois-Rivières au Programme d’excellence en biodiversité de Réseau environnement et de la démarche de conservation de l’aster à feuille de linaire. La Ville réitère aussi son support à la conservation des milieux humides d’intérêt par les organismes de conservation via Éclore – fonds environnement.

Mais pour le conseiller du district du Carmel et président intérimaire du comité environnement, Pierre Montreuil, la Ville doit faire plus. Il espère voir Trois-Rivières se doter d’un levier pour le développement durable bien défini.

« Ces 15 engagements m’ont ramené en 2018 quand des jeunes sont venus interpeller le conseil municipal pour adopter la Déclaration d’urgence climatique. Quand on regarde les engagements en question, on voit que 11 des 15 se sont beaucoup améliorés à Trois-Rivières depuis 2018, mais le chantier n’est pas terminé. Il faut travailler sur la question des pesticides et du plastique, poursuivre l’éducation auprès des gens, améliorer la place des autochtones. »

Plaidoyer pour la protection des milieux humides…

« Je souhaite qu’on respecte les engagements qu’on va prendre. Un aspect qui me préoccupe est la destruction des milieux humides. Il y a un dossier qui s’en vient à l’hôtel de ville très bientôt. J’espère que les bottines suivront les babines. Il faut protéger nos milieux humides et je vais continuer à me battre pour ça », renchérit Luc Tremblay, conseiller du district de Châteaudun.

Des citoyens ont également pris la parole durant la période de questions pour demander à la Ville de s’assurer d’un suivi de ces engagements. C’est notamment le cas de Christiane Bernier qui s’inquiète des potentiels développements à venir dans une partie de la tourbière du Carrefour 40-55. 

« À Trois-Rivières, il y a près de 15 espèces qui figurent sur la liste provinciale des espèces en danger. Dans la tourbière du Carrefour 40-55 en particulier, il y a la salamandre à quatre orteils et la couleuvre verte. Il ne faut jamais sous-estimer ces espèces, même les plus petites, car tout est interrelié. Si on enlève des espèces au bas de la chaîne, ça a des conséquences sur nous, les humains. On a toutes les raisons de protéger nos tourbières », a-t-elle souligné au micro de la salle publique de l’hôtel de ville.

Mme Bernier insiste sur le fait que la protection du milieu humide du Carrefour 40-55 contribuerait à répondre à deux actions de l’Engagement de Montréal, soit de conserver les milieux naturels existants grâce à des systèmes de zones protégées et d’assurer la conservation et le rétablissement des espèces vulnérables, sauvages et domestiques.

…et du boisé Masse

Trois citoyens du secteur Saint-Louis-de-France ont également déposé une pétition signée par plus de 800 personnes pour la conservation du boisé Masse. Rappelons qu’une soirée d’information et de consultation citoyenne avait été tenue, en octobre, au sujet de l’avenir du boisé Masse, dans la mesure où un développement résidentiel pourrait éventuellement y voir le jour. Plusieurs résidents du secteur avaient alors exprimé leurs préoccupations. La pétition demande à la Ville d’acquérir les trois lots du boisé.

« On a des inquiétudes à l’effet qu’un développement résidentiel dans ce secteur face à l’augmentation de la circulation, la gestion des eaux potables et usées, la crue des eaux pluviales, mais aussi à l’idée d’y voir un paysage de béton et d’asphalte. Les gens ont aussi besoin d’avoir un espace boisé à proximité pour y pratiquer la marche, le vélo et d’autres activités. On croit à l’excellent potentiel de ce boisé », commente Nadia Grondines, résidente du secteur Masse.

« On est content de voir les conseillers se prononcer avec autant de verve sur le développement durable et l’environnement, car c’est vraiment ce qu’on veut faire, poursuit le groupe de citoyens qui a pris la parole à la séance publique du conseil municipal. Historiquement, à Trois-Rivières, on a développé beaucoup dans le béton et le ciment pour de nouvelles infrastructures. Nous sommes peut-être dus pour regarder du côté de la végétation, sa conservation et en faire un lieu social et environnemental pour notre secteur. Le boisé contribue à lutter contre les îlots de chaleur dans le secteur. »

Le groupe de résidents mentionne aussi la régénération de pin blanc qui s’y trouve, ainsi que la diversité des essences d’arbres dans le boisé, comme le tilleul, le pin gris, le chêne rouge et le noyer cendré.

La conseillère municipale du district de Saint-Louis-de-France, Geneviève Auclair, affirme bien comprendre les préoccupations soulevées par les résidents en lien avec « ce développement difficilement acceptable du point de vue social et environnemental », mais indique que le boisé Masse se trouve à la limite du périmètre urbain. « Mais il y a d’autres questions à se poser: dans quelle mesure est-ce acceptable de poursuivre le déboisement, surtout dans les secteurs en périphérie? Le modèle de maison unifamiliale isolée avec garage est-il un modèle d’habitation viable à long terme? Est-ce que cette densification permettrait d’aller chercher les revenus dont la Ville a besoin? Ce sont des questions qu’on pourra poser dans le cadre de l’élaboration de la future Politique d’habitation de la Ville », conclut Mme Auclair.