Enjeux économiques en agriculture à surveiller en 2014

Dans le cadre de l’engagement de Financement agricole Canada (FAC) à fournir une analyse économique actuelle et pertinente à l’industrie agricole canadienne, Jean Philippe Gervais, économiste agricole en chef à FAC, se penche sur cinq enjeux économiques importants à surveiller en 2014 dans le secteur agricole.

«L’agriculture canadienne est une industrie stimulante et gratifiante, composée de professionnels avant-gardistes et avisés en affaires qui se passionnent pour ce qu’ils font, affirme M. Gervais. L’acquisition et la diffusion de connaissances en agriculture profitent aux producteurs, à l’agriculture, aux collectivités rurales et, par le fait même, à l’ensemble de la population canadienne.»

Valeur des terres agricoles

La valeur des terres agricoles en Amérique du Nord s’accroît rapidement depuis plusieurs années, mais elle pourrait bientôt atteindre un plateau, selon M. Gervais.

Une récolte record en 2013 pour de nombreux producteurs de céréales et d’oléagineux signifie une augmentation des stocks mondiaux et une baisse des prix qui se rapprochent ainsi davantage de la moyenne. En effet, au cours des dernières années, les prix se sont situés au-dessus de la normale. Une baisse des prix des produits de base pourrait faire en sorte que nombre de producteurs soient moins enclins à prendre de l’expansion, ce qui se traduirait par une augmentation moins marquée de la valeur des terres.

«De nombreux producteurs surveilleront la conjoncture afin de déterminer s’ils devraient acheter d’autres terres ou rembourser certaines dettes, soutient M. Gervais. Plusieurs de leurs décisions seront fondées sur les prévisions des prix des produits de base, leur marge de profit actuelle et le montant qu’ils ont investi dans les terres au cours des dernières années.»

Accords commerciaux

L’accord de principe entre l’Union européenne et le Canada quant à l’Accord économique et commercial global (AECG) fait peut-être les manchettes, mais le Canada participe aussi à la négociation d’autres accords commerciaux importants, comme le Partenariat transpacifique (PTP).

Ces deux accords commerciaux représentent un effort concerté du Canada visant à réduire sa dépendance à son principal partenaire commercial, les États-Unis, où sont acheminées 30 % de ses exportations agricoles et deux tiers de ses exportations agroalimentaires. Puisque l’industrie agricole canadienne dépend excessivement d’un seul marché, elle est plus vulnérable aux replis de l’économie américaine.

Une fois ratifié, l’AECG ouvrira un marché de 500 millions de consommateurs aux produits agricoles canadiens, tandis que les négociations du PTP touchent 12 pays, incluant la Nouvelle-Zélande, l’Australie, le Vietnam, la Malaisie, le Japon et les États-Unis.

«Grâce à ces deux ententes, tous les secteurs de l’industrie agricole canadienne pourront profiter d’occasions et devront relever certains défis, ajoute M. Gervais. Nous devons commencer à nous préparer à gérer nos affaires dans un nouvel environnement.»

Politique et économie américaines

Aux États-Unis, la lutte politique interne créera sans doute davantage d’incertitude au sud de la frontière. Le différend a entraîné une fermeture partielle des services publics cette année et continue de représenter un risque quant à la capacité des États-Unis d’honorer leur dette.

M. Gervais prédit toutefois que les conditions s’amélioreront chez nos voisins du Sud. La Réserve fédérale des États Unis a récemment commencé à assouplir sa politique monétaire agressive en raison d’un regain du marché du travail et de l’amélioration de la situation financière des ménages américains.

«De renoncer à poursuivre un programme d’une telle envergure est s’aventurer en terrain inconnu, avance M. Gervais. Cet assouplissement peut avoir un impact considérable sur les marchés financiers, principalement sur la valeur des devises des marchés émergents, ce qui aura une incidence sur la compétitivité des produits agricoles canadiens.»

La querelle empêche aussi les législateurs américains d’élaborer un plan à long terme en ce qui concerne la loi agricole américaine (Farm Bill), qui finance de nombreux programmes importants visant à offrir du soutien aux agriculteurs et une aide alimentaire aux familles à faible revenu. Les législateurs ont récemment approuvé une prolongation à court terme de la loi agricole américaine de 2008 et ont confiance en l’adoption d’une nouvelle loi agricole au début de 2014.

«L’absence d’une loi agricole quinquennale suppose le maintien du statu quo pour l’instant, précise M. Gervais. La loi agricole touche indirectement les producteurs canadiens, car elle influence le type de cultures ensemencées aux États-Unis et, par conséquent, les prix mondiaux.»

Optimisme dans le secteur bovin

Les producteurs de bétail canadien, particulièrement les producteurs de bœuf, devraient s’attendre à de bons rendements au cours des prochaines années, selon M. Gervais.

Des prix du bœuf élevés sont le résultat de la dynamique qui existe entre l’offre et la demande. Les stocks de bovins sont en baisse depuis quelques années, une conséquence de la sécheresse qui a frappé les États-Unis et de conditions financières qui ont forcé plusieurs producteurs à réduire la taille de leur cheptel ou à quitter le secteur. Le cheptel américain a connu une réduction de 5 % au cours des deux dernières années et prendra quelques années pour reprendre de l’ardeur, tandis que le cheptel canadien est stable et semble prêt à rebondir.

«À court terme, les producteurs canadiens se trouvent en bien meilleure position pour servir le marché nord-américain qui a vu la fin de la baisse de la consommation de viande rouge par habitant. La demande en protéines animales est aussi en croissance sur les marchés émergents, comme la Chine, commente M. Gervais. L’accord commercial avec l’Union européenne a le potentiel de donner au bœuf canadien un avantage sur les autres marchés mondiaux, notamment l’Europe.»

M. Gervais indique que la loi américaine sur l’étiquetage du pays d’origine (EPO) a nui aux producteurs de bétail canadiens, particulièrement depuis que le département de l’Agriculture des États-Unis a mis en place de nouveaux règlements. La prochaine année permettra de déterminer si le gouvernement américain fera marche arrière ou même abolira cette loi, volontairement ou cédant aux pressions de ses partenaires commerciaux.

Ventes d’équipement à la baisse

Comme c’est le cas pour une bonne partie de l’économie agricole, les ventes d’équipement pour la plupart des concessionnaires ont littéralement explosé au cours des cinq dernières années. Entre 2006 et 2012, les concessionnaires canadiens vendaient en moyenne 2 100 tracteurs chaque mois, selon l’Association of Equipment Manufacturers. Alors qu’on comptabilise les derniers chiffres, on prévoit que les ventes auront été aussi fortes en 2013.

Comme les prix des cultures sont légèrement plus bas, les ventes d’équipement pourraient baisser en 2014. Il est fort probable que les ventes seront plus près de la moyenne de 2001-2005, alors que 1 540 tracteurs étaient vendus chaque mois. Ce chiffre est moins élevé que ceux des dernières années. Un autre facteur qui pourrait faire baisser les ventes est un dollar canadien plus faible en 2014; en effet, une telle dépréciation ferait grimper le prix de l’équipement importé.

«À court terme, les prix de l’équipement demeureront probablement stables, mais ils pourraient diminuer légèrement si l’offre demeure élevée et si les producteurs décident de conserver leur équipement ou d’acheter de l’équipement d’occasion, fait valoir M. Gervais. Des facteurs économiques globaux pourraient influencer la façon dont les producteurs utilisent leurs profits antérieurs, mais cela dépend essentiellement de la situation unique de chaque producteur.»

En diffusant des prévisions et des renseignements économiques en agriculture, FAC offre une perspective et une expertise solides afin d’aider les gens qui œuvrent en agriculture à atteindre leurs objectifs. Vous pourrez trouver plus d’informations et d’observations à ce sujet dans le numéro du 10 janvier 2014 de FAC Express.

FAC, qui est le plus important prêteur à l’industrie agricole canadienne, possède un portefeuille de première qualité de plus de 25 milliards de dollars et vient de connaître une vingtième année consécutive de croissance. FAC est solide et stable; elle s’est engagée à servir l’industrie, peu importe le cycle économique, et à faire preuve de responsabilité sur les plans social et environnemental. FAC offre du financement, de l’assurance, des logiciels, des programmes d’apprentissage ainsi que d’autres services commerciaux aux producteurs agricoles, aux agroentrepreneurs et aux entreprises agroalimentaires. Le personnel de FAC comprend l’agriculture et est voué à la réussite de la clientèle et de l’industrie. La présence de FAC sur le marché profite aux producteurs, à l’agriculture, au secteur rural canadien et par le fait même à l’ensemble de la population canadienne. Pour obtenir de plus amples renseignements, consultez www.fac.ca. Suivez Financement agricole Canada sur Facebook, sur LinkedIn et sur Twitter à @FACagriculture.

Source: Éva Larouche