Des résidents du centre-ville dénoncent le bruit excessif

Bruit de voitures et de cyclomoteurs modifiés, les motos qui passent dans le tunnel de la rue du Fleuve, courses de voitures dans certaines rues, feux d’artifice improvisés tard le soir ou la nuit: des citoyens du centre-ville de Trois-Rivières n’en peuvent plus du bruit excessif auquel ils sont confrontés au quotidien.

Un groupe de résidents du centre-ville s’est adressé aux élus municipaux mardi soir lors de la séance publique du conseil de ville. C’est Jean-Claude Trahan qui a pris la parole au nom du groupe.

« On retrouve différentes clientèles au centre-ville, mais il n’y a pas d’harmonie. Le civisme doit être essentiel. On est devant vous ce soir pour demander que les règlements concernant le bruit excessif soient respectés », indique-t-il.

Si l’essentiel du problème provient des voitures et des motos modifiées selon M. Trahan, il y a également des enjeux en lien avec la vitesse excessive, les fêtards bruyants sur la rue des Forges et les feux d’artifice, cite-t-il.

« J’habite sur la rue des Forges et les feux d’artifice sont dangereux. Quelqu’un sera blessé un jour. La réglementation est très mince et les interventions de la police sont rares. Je ne suis pas fier de le dire, mais je connais une personne d’une autre ville qui vient à Trois-Rivières expressément pour courser en voiture sur la rue des Forges parce que la police, ici, est plus lousse que la Sûreté du Québec », affirme M. Trahan.

Interpellé par les propos de Jean-Claude Trahan lors de la séance du conseil municipal, Gilles Leblanc, qui réside aussi au centre-ville, soutient que le bruit augmente d’une année à l’autre. « Ceux qui font du bruit n’arrêtent nulle part pour consommer au centre-ville, fait remarquer M. Leblanc. Ils viennent au centre-ville pour faire du bruit et repartent. C’est dix fois mieux quand il y a un événement, comme le FestiVoix. On sait qu’il y aura du bruit et de la musique plus tard le soir, mais les événements respectent la réglementation municipale. Pendant le Festival DANSEncore, oui ça finissait tard, mais c’est un bruit joyeux et prévu. »

Le regroupement de citoyens du centre-ville aimerait voir la vitesse maximale être diminuée à 30 km/h au centre-ville pour limiter le bruit des véhicules. M. Trahan remarque aussi que la vitesse des voitures a diminué depuis que la rue Royale est bidirectionnelle. Il propose également de fermer un accès du stationnement du parc portuaire, sous la terrasse Turcotte.

« Pourrait-on y installer une barrière, par exemple, demande le résident du centre-ville. Ça pourrait éviter que les gens s’amusent à aller virer là pour seulement faire du bruit. »

M. Trahan a également exprimé sa déception face au report du projet de brigade sur les incivilités, une promesse du maire lors de la campagne électorale, en raison d’orientations budgétaires. Cette brigade permettrait de dédier des policiers à la résolution de certaines problématiques comme le tapage nocturne, la vitesse et le bruit excessif.

« On ne s’est jamais caché qu’il y avait des problèmes de bruit au centre-ville. On tient à notre centre-ville. Je vous entends et je pense qu’il faut y aller avec une méthode coercitive. Sachez que je suis également déçu que la brigade sur les incivilités ne puisse pas voir le jour cette année », répond le maire Jean Lamarche.

Des problèmes sur l’Avenue des Draveurs

La même problématique se vit aussi du côté de Trois-Rivières sur Saint-Laurent. Là aussi, des résidents se réunissent pour essayer de faire changer les choses. « On parlait des problèmes de bruit excessif au centre-ville il y a dix ans et on en parle encore aujourd’hui. Ça n’a pas changé, déplore Alain Léger, un résident de Trois-Rivières sur Saint-Laurent. L’enjeu de notre côté, c’est qu’on a une seule rue, soit l’Avenue des Draveurs. On est le lieu le plus densément peuplé de Trois-Rivières et en été, on voit beaucoup de vitesse. »

En ce sens, le conseiller municipal du district Marie-de-l’Incarnation, Richard W. Dober, précise qu’une action est en cours sur la question afin de faire bouger les choses. Celle-ci sera dévoilée dans quelques jours. 

Le fait qu’il n’y ait que deux accès pour se rendre à Trois-Rivières sur Saint-Laurent, soit par l’Avenue des Draveurs et la rue des Commissaires, contribue au problème, note M. Léger, en plus des rares panneaux d’arrêt que l’on y retrouve. « On se retrouve comme sur une autoroute! Il y a aussi des enjeux du côté du stationnement en boucle de l’Amphithéâtre où l’on voit des véhicules s’amuser à y faire de la vitesse. »

Intervenir pour le bruit

Jean-Claude Trahan souhaiterait également voir les policiers intervenir plus souvent au centre-ville pour ce qui concerne le bruit excessif, en particulier en donnant des constats d’infraction. Les policiers de Trois-Rivières interviennent principalement pour le bruit causé par les véhicules modifiés, ainsi que le bruit sur les terrasses des bars.

« On peut donner un constat d’infraction pour les véhicules dont le système d’échappement a été modifié dans le but d’augmenter le bruit émis, ainsi que pour un véhicule qui fait un bruit excessif, comme lorsque le conducteur pèse sur l’accélérateur pour rincer le moteur et faire un bruit inutile, détaille Luc Mongrain, porte-parole aux relations publiques à la Direction de la police de Trois-Rivières. Les personnes fautives reçoivent alors une amende de 100$ plus les frais. »

Dernièrement, la Police de Trois-Rivières est allée à la rencontre des élèves du secondaire pour sensibiliser les jeunes propriétaires de cyclomoteurs sur la réglementation en vigueur quant aux modifications autorisées ou non sur les scooters. Une opération de vérification a ensuite eu lieu près des écoles Chavigny, des Pionniers et de l’Académie les Estacades. Les patrouilleurs ont alors mené 99 vérifications de cyclomoteurs et ont remis 28 constats d’infraction en lien avec des silencieux modifiés, des rétroviseurs manquants ainsi que des équipements non conformes.

Un nouveau règlement en préparation

Ce n’est pas la première fois que l’enjeu de la pollution par le bruit parvient aux oreilles du conseil municipal. Un comité a d’ailleurs été mis en place pour identifier les différents problèmes en lien avec le bruit.

Une recommandation a été faite pour créer un nouveau règlement sur le bruit afin d’y centraliser les articles concernant le bruit, d’élargir les définitions existantes, d’augmenter les amendes qui y sont associées et de prévoir de nouvelles infractions selon des cas spécifiques.

« L’objectif est d’encadrer toutes les nuisances et de pouvoir travailler sur les infractions et les montants associés, indique Jonathan Bradley,conseiller du district de Richelieu et président du Comité assurer la sécurité des milieux. On voit que c’est un enjeu qui est de plus en plus discuté. Cela nous permettra de bien analyser les sources de pollution sonore et d’avoir un regard sur le nombre de plaintes à ce sujet dans les dernières années et à quels mois il y en a davantage. »

« On se doute qu’il sera question du bruit des véhicules modifiés, mais on peut aussi penser à la musique trop forte…et même, dans certaines occasions, au bruit du filtreur de piscine. En comité, on prendra le temps d’analyser le tout », ajoute-t-il.

Les membres du Comité assurer la sécurité des milieux ont déjà assisté à des présentations de la police et d’un avocat sur cette question. Il en était ressorti qu’il y a des difficultés à appliquer tout e la réglementation, en ce sens où parfois, une personne fait une plainte, mais ne veut pas témoigner officiellement par la suite. Ou encore des délais d’intervention sur certains appels si des policiers sont déjà affectés à d’autres appels.

« Trois-Rivières n’est pas la seule ville confrontée à ce problème. Des villes ont choisi de renforcer leur réglementation. De notre côté, on va continuer à faire appliquer les règlements en lien avec la paix, l’ordre et la sécurité publique, ainsi que le Règlement sur la circulation et le stationnement », conclut-il.