De réfugiés à Trifluviens

DOSSIER. En 2016, 152 réfugiés ont posé bagages en sol trifluvien. Plusieurs, parmi eux, sont arrivés dans la Cité de Laviolette avec un préavis de 24h à 48h à peine.

SUR LE MÊME SUJET

Refaire sa vie

«Des gens comme vous et moi»

L’ouverture des frontières du Canada aux réfugiés syriens  a précipité certaines de ces arrivées. On se rappelle que Justin Trudeau avait promis, en novembre 2015, de réinstaller 25 000 réfugiés syriens au pays d’ici la fin de février 2016 dans le cadre de l’initiative #Bienvenueauxréfugiés; une promesse qui a finalement permis l’arrivée de 7431 réfugiés syriens au Québec en date du 31 décembre.

Or, on se trompe si l’on pense que tous les réfugiés arrivés à Trois-Rivières en 2016 sont d’origine syrienne. Ils proviennent d’un peu partout: République centrafricaine, Colombie, Tchad, Congo, etc. Le Service d’accueil des nouveaux arrivants (SANA) de Trois-Rivières indique qu’environ 60% des réfugiés reçus de janvier à décembre 2016 provenaient de la Syrie, pour un total de 93 personnes.

«C’est certain que la médiatisation de la question des réfugiés syriens a eu des répercussions chez nous», mentionne Maude Fontaine, intervenante au SANA.

Leur situation a interpellé plusieurs personnes: «On n’a jamais eu autant d’appels de citoyens. Ils voulaient donner des choses à des Syriens ou être jumelés à une famille syrienne. Or, il faut savoir qu’ici, on ne fait pas de différence entre un réfugié syrien ou congolais, par exemple. On a dû expliquer ça aux gens et ç’a été bien reçu.»

Une promesse politique controversée

Si cette soudaine vague de sympathie a eu du bon pour l’organisme, qui a pu bonifier sa liste de bénévoles, elle soulève aussi sa part de questionnements chez certaines personnes, dont Adis Simidzija, lui-même réfugié de Bosnie-Herzégovine.

Le jeune homme de 28 ans se demande si, dans une certaine mesure, il n’y a pas eu une forme de désinformation de la part des médias. «Je crois que les médias se sont intéressés à la promesse politique plutôt qu’aux réfugiés eux-mêmes. Des réfugiés, il en arrive des milliers chaque année au pays. Or, les médias ont centré toute la question autour des Syriens, sans s’intéresser à la question des réfugiés dans son ensemble», soulève-t-il.

Il déplore également l’image chaotique projetée par les médias lors de l’arrivée massive de réfugiés Syriens, alors qu’au contraire, la réponse de la population a été «extraordinaire»: «Les gens de la région se sont montrés ouverts et curieux. Ils ont été nombreux à offrir leurs services.»

Tout comme le SANA, il espère que cet intérêt à l’égard des réfugiés demeurera vivant lorsque les médias cesseront de parler de la Syrie. «Dans le meilleur des mondes, il faudrait une tribune régulière aux réfugiés pour exprimer leurs idées et pour faire un suivi de ce qu’ils vivent. Je suis de ceux qui croient que pour bien comprendre la question, il ne faut pas juste avoir de l’information événementielle, mais en continu.»