Agriculture urbaine: oui aux potagers, non aux poules

Le couple de Drummondville qui luttait depuis près d’un an pour avoir le droit d’aménager un potager en façade de leur demeure ont finalement obtenu gain de cause récemment. Qu’en est-il à Trois-Rivières?

«Il n’y a jamais eu de règlement empêchant les gens d’aménager un potager urbain. La seule règlementation, c’est que le devant de la résidence doit être couvert de végétaux sur minimum 50% de la surface. Il n’est pas spécifié quelles sortes de végétaux: arbres, fleurs, potagers…» affirme Yvan Toutant, porte-parole de la Ville de Trois-Rivières.

Par contre, il faut savoir que les trois mètres à partir de la rue appartiennent à la Ville et qu’il est préférable de laisser cet espace plus vide.

Et pour les poules en milieu urbain?

«Les gens n’ont pas le droit de posséder d’animaux de la ferme en milieu urbain, sauf si c’est zoné agricole. On retrouve un peu de ce zonage dans les secteurs de St-Louis-de-France, des Forges, Ste-Marthe et Pointe-du-Lac», précise M. Toutant.

Une résidente du secteur Cap-de-la-Madeleine, Martine Clément, espère que cette règlementation soit modifiée prochainement pour permettre la présence de poules en dehors des zones agricoles de la Ville.

«J’ai eu une poule sur mon terrain l’été dernier. Une poule digère un minimum de 150 kg de nourriture que l’on jàte par année. C’est considérable quand on parle de gestion des déchets et d’enfouissement, sans compter que ça agit comme un contrôle naturel des insectes indésirables. Chaque année, j’ai toujours un problème de perce-oreilles, de fourmis et de cloportes, mais pas l’an dernier. J’ai peur pour cette année parce que le zonage n’a pas changé à la Ville et ça piétine du côté de l’urbanisme», plaide Mme Clément.

«Les poules ne prennent pas beaucoup de place, mais c’est certain que ça prend un espace vert suffisant pour que la poule puisse gratter. Sinon, il faut veiller à ce que ça n’embête pas les humains, mais considérons que le bruit qu’émet une poule ne surpasse jamais le nombre de décibels de la voix humaine. C’est une pratique qui est encouragée en Europe», argumente-t-elle.

Quelques réserves du MAPAQ

Si le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) encourage l’agriculture urbaine pour protéger l’environnement, embellir le paysage, l’autonomie alimentaire et le maintien d’une certaine biodiversité, il émet quelques réserves face à l’élevage de poules et poulets en milieu urbain.

Parmi les raisons invoquées, mentionnons que les poules et poulets peuvent souffrir de différents problèmes de santé et que l’accès aux vaccins et soins de santé appropriés peut s’avérer plus difficile en milieu urbain.

Le MAPAQ indique aussi qu’«il n’est pas approprié de composter le fumier de volaille à cause de sa forte teneur en minéraux. Il faudra donc que les villes prévoient des modalités d’élimination du fumier».

«Pour toutes les raisons énumérées précédemment, les municipalités qui autorisent la présence des poules et des poulets dans un cadre urbain devraient envisager d’en restreindre le nombre. Il est à noter que, pour élever plus de 99 poules ou 100 poulets, il est nécessaire d’obtenir un quota (droit de production) auprès de la fédération concernée», ajoute le MAPAQ dans son document Agriculture urbaine – Poules et poulets en ville.

Mme Clément compte bien continuer à talonner la Ville dans ce dossier.

«Si on dit oui aux poules, est-ce que les résidents auront le droit d’avoir un cochon? Une chèvre? Un poney miniature? Les élus sont au courant des effets que peut avoir une poule en milieu urbain», conclut M. Toutant.

Le couple de Drummondville, Josée Landry et Michel Beauchamp, a lancé dimanche dernier son guide «Le potager urbain» dans le but de répondre aux questions des citoyens qui les ont rencontrés au sujet de leur potager urbain en façade de leur maison. Le guide est disponible gratuitement en ligne.