Faut-il aimer sa famille?

Est-ce normal qu’on ne s’entende pas avec son frère ou sa sœur? Ou encore qu’un enfant préfère son beau-père à son «vrai» père?

«C’est irréaliste de penser qu’une relation fraternelle se crée en forçant deux enfants à s’aimer», tranche Carl Lacharité, professeur de psychologie à l’UQTR.

«C’est comme lorsque deux frères se battent et qu’un parent leur demande de s’excuser à l’un et à l’autre et de se prendre dans leurs bras. Ça ne fonctionne pas. C’est comme vouloir réunir deux pays en guerre. C’est inefficace et irréaliste», ajoute-t-il.

Pensons à Abel et Caïn dans la bible…

La spécialiste des relations frères-sœurs, Jeanne Safer, a confié au magazine L’Actualité plus tôt en 2012 qu’elle-même entretenait une relation difficile avec son frère.

«Mon frère avait sept ans de plus que moi. Nous n’avons jamais été proches. Je n’ai jamais senti que je pouvais compter sur lui (…) Je crois que la plupart des gens sont soulagés d’apprendre qu’ils ne sont obligés ni par Dieu, ni par les thérapeutes, ni par la société de s’entendre avec leur frère ou leur sœur simplement parce qu’ils partagent un lien biologique. L’amour fraternel, ça se mérite», a-t-elle expliqué à L’Actualité.

«La relation fraternelle sert généralement de base pour évaluer toute autre relation», indique pour sa part M. Lacharité. «C’est normal qu’il y ait des périodes dans la vie où la relation entre un frère et une sœur, ou deux frères et deux sœurs, peut être conflictuelle. Les choses peuvent se replacer plus tard.»

Avec l’avènement des familles reconstituées, le phénomène peut également se remarquer entre un père et son beau-fils ou encore entre demi-sœurs.

«Un père peut avoir plus d’affinités avec son beau-fils. Par contre, il peut arriver qu’une rivalité s’installe entre le fils son demi-frère, d’où l’importance de bien gérer les relations familiales», précise Carl Lacharité.

Grands-parents de cœur

Des organismes œuvrent dans le but de rapprocher des familles avec de jeunes enfants et des personnes âgées. C’est notamment le cas de la Maison des grands-parents de Trois-Rivières.

«On peut jouer le rôle d’un grand-père ou d’une grand-mère sans nécessairement avoir de lien de sang. Cela peut consister en une relation de «grands-parents de cœur», par exemple. Cela peut apporter du bon, entre autres auprès d’un enfant qui n’aurait pas de grands-parents», avance M. Lacharité.

La parole aux enfants!

L’Université du Québec à Trois-Rivières travaillerait sur un projet de création d’une «Université des enfants et des parents» afin d’avoir l’occasion d’observer et d’évaluer ce que les enfants peuvent nous apprendre.

«On a peu d’occasions de se demander ce que veut dire le monde à leur hauteur. En France, des chercheurs ont fourni un appareil photo à des dizaines d’enfants en leur disant de photographier ce qui était important pour eux. C’est le genre de projet qui nous amènerait à voir et faire les choses différemment pour les enfants», raconte M. Lacharité.

«On pense qu’ils ont besoin de tel type d’espadrilles ou de participer à telle activité. Il y a peu d’endroits où on fait participer les enfants au débat social. Des initiatives comme le parlement étudiant existent déjà. Cela pourrait être un moment propice pour écouter les jeunes et voir ce qu’ils pensent de la société», ajoute-t-il.