Tensions au sein du conseil municipal: vers des actions concrètes pour une meilleure harmonie

La lettre ouverte signée par sept conseillers municipaux de Trois-Rivières a continué de faire réagir, mardi après-midi, lors de la plénière des élus municipaux. L’abcès a pu être crevé en partie. D’ailleurs, à l’occasion d’un point de presse à ce sujet mardi soir, les sept signataires ont été rejoints par quelques autres collègues afin de s’engager à travailler activement pour une meilleure harmonie autour de la table.

« Il y aura un avant 16 août et un après 16 août, déclare Maryse Bellemare, conseillère du district de Chavigny. Je ne sais pas si cette lettre était le bon moyen ultimement, mais cela a été l’occasion d’ouvrir la porte à la discussion entre nous. Je nous souhaite une ouverture envers cette démarche parce qu’elle se veut productive. »

Rappelons que dans la lettre ouverte parue dans Le Nouvelliste lundi et signée par les conseillers Daniel Cournoyer, Maryse Bellemare, Sabrina Roy, Pierre Montreuil, Jonathan Bradley, René Martin et Alain Lafontaine, disent vouloir « lancer un message clair. À l’heure où nos villes doivent relever de grands défis, il faut trouver les meilleures solutions. Il faut les chercher ensemble. Pensons seulement aux enjeux budgétaires, aux changements climatiques, à la situation du logement ainsi qu’au coût de réfection de nos infrastructures. Autant de raisons de mettre fin à une opposition nuisible. Bien sûr, il faut continuer de poser des questions. C’est le rôle des élu-e-s, mais pas au point d’embourber le fonctionnement de notre ville. »

Le groupe de sept conseillers invite leurs collègues à adopter « le respect, le civisme et le savoir-vivre dans nos échanges en conformité avec l’éthique reliée à notre fonction. Concentrons nos énergies aux bons endroits. Poursuivons la construction de notre ville moderne ».

« C’est un message de paix qu’on vous envoie. On vous tend la main. On veut fonctionner ensemble », a plaidé Daniel Cournoyer, maire suppléant et instigateur de la lettre, à ses collègues.

Mardi soir, Dany Carpentier et François Bélisle ont rejoint les autres conseillers à l’occasion du point de presse. Cependant, Luc Tremblay, Pascale Albernhe-Lahaie, Pierre-Luc Fortin, Richard Dober et Geneviève Auclair n’y étaient pas « pour des raisons personnelles », nous dit-on.

Plus tôt dans l’après-midi, Mme Albernhe-Lahaie a déploré ne pas avoir été contactée par les signataires en lien avec cette initiative. « On m’a visée indirectement en ne m’incluant pas dans la démarche. Personne n’est venu me voir en privé pour me reprocher d’avoir embourbé le système ou avoir fait telle autre chose. On me prend parfois à partie devant des gens, mais pas de façon formelle en me disant qu’on reviendra sur un sujet en particulier », affirme la conseillère.

Le conseiller du district de Châteaudun, Luc Tremblay, a décidé de faire l’impasse sur le rassemblement des conseillers par soutien à sa consœur du district des Rivières. Il invite également les autres élus « à se regarder dans le miroir ». « Je ne me sens pas visé par cette lettre, mais je comprends que les nouveaux élus posent plus de questions. Quand on me dit qu’ils embourbent les fonctionnaires, je pense qu’on exagère. Et quand on parle d’échanges acrimonieux, il y en a des deux côtés de la table. M. Dober était très visé, mais d’autres devraient se regarder dans le miroir de l’autre côté de la table. »

Geneviève Auclair n’avait pas signé la lettre non plus puisqu’elle a éprouvé un profond malaise devant cette façon de faire. « Ça ressemble à un projet sur la place publique. J’aurais aimé qu’on règle ça ici entre nous. Ça s’est emballé. Il faut travailler avec notre code d’éthique aussi. Je pense que le nouveau directeur général pourrait nous aider dans cette démarche de mettre en place de nouvelles mesures pour mieux travailler entre nous », indique la conseillère du district de Saint-Louis-de-France.

« Je pense qu’on n’a pas exactement la même définition de ce qu’est notre rôle comme conseiller. Personne n’est contre le travail d’équipe. Me suis senti visé par cette lettre, mais ai-je embourbé les fonctionnaires? Je ne pense pas. Si oui, je ne le pensais pas, explique Pierre-Luc Fortin, conseiller du district des Estacades. Si j’ai manqué de respect, qu’on me le dise. Je sais que j’ai sorti récemment une résolution au sujet du registre des loyers. D’accord qu’on me le reproche, mais je ne pense pas que j’aurais pu faire autrement. Il faut faire attention de ne pas tomber dans la polarisation. Il n’y a ni bons ni méchants. »

Appelé à commenter l’absence des cinq conseillers au point de presse, le maire Jean Lamarche « interprète ça comme leur choix. Ce n’est pas un parti politique, c’est l’intention d’améliorer nos pratiques. Quand on décide de le dire haut et fort, les gens sont libres de le faire ou pas. Je suis ravi de ce qui se passe et de voir d’autres conseillers se joindre au mouvement ».

Des propositions concrètes à venir

Un appel à la « bienveillance » s’est fait sentir durant la discussion entre les membres du conseil. « Il faudra tous intervenir si on est témoin de paroles qui dépassent la limite. Je crois qu’il faut convenir de parler à quelqu’un plutôt que de parler de quelqu’un quand quelque chose ne va pas », note Pierre Montreuil, conseiller du district du Carmel.

« La bienveillance, c’est à garder en tête. Il faut qu’on avance et qu’on mette l’énergie pour que ça fonctionne. J’ai confiance en nos fonctionnaires. Beaucoup quittent le bateau et dans le contexte de pénurie de main-d’œuvre, on n’a pas le luxe de perdre des gens. Plus on en perd, moins ça va bien aller. Je pense qu’il faut s’introspecter », commente Sabrina Roy, conseillère du district De la Madeleine.

« Je suis satisfait de la discussion, poursuit François Bélisle. On est conscient qu’il y a du travail à faire. Je suis optimiste, mais pas naïf. On va travailler en conséquence. »

Au-delà des bonnes intentions, de premières propositions de gestes concrets ont été lancées durant la rencontre. Dany Carpentier a notamment suggéré de mettre en place un comité de suivi sur le code d’éthique afin de revenir sur des épisodes que les élus considèrent comme non-éthiques.

Le maire et son cabinet ont déjà prévu une discussion concernant la mise en place d’un projet de planification stratégique à la fin du mois d’août pour que le conseil puisse se doter d’une vision commune de développement.

Dans une autre lettre ouverte publiée sur le site web du Nouvelliste mardi, Pierre-Luc Fortin propose de cesser l’imposition de huis clos lors des plénières, sauf pour les dossiers concernant les ressources humaines et les négociations de contrats, ainsi que la mise en place d’une table d’échanges entre les élus du conseil pour se fixer des objectifs jusqu’à la fin du mandat.

Le tout sera discuté lors d’une plénière spéciale le 30 août prochain.