Des actions pour lutter contre la rareté de la main-d’œuvre

MAURICIE. Le Conseil régional des partenaires du marché du travail œuvre actuellement à la mise en place d’un plan d’action visant à lutter contre la rareté de la main-d’œuvre dans la région, que ce soit par l’innovation, le développement économique ou encore par l’attraction de travailleurs.

Plusieurs pistes de solution figurent au sein du plan d’action élaboré par le Conseil régional des partenaires du marché du travail. L’une des priorités: maximiser le plein potentiel de main-d’œuvre en favorisant la préparation et l’intégration en emploi des personnes sous-utilisées sur le marché du travail.

Cela concerne notamment les personnes sous-scolarisées, les décrocheurs, les travailleurs âgés, les personnes handicapées, les femmes, en particulier celles vivant dans une situation de précarité, les jeunes, les personnes judiciarisées et les autochtones. Le Conseil régional suggère aussi de retarder le départ à la retraite des travailleurs âgés de 55 à 64 ans afin de faire bénéficier de leur expérience par le biais de mentorat.

«Il faudrait aussi pouvoir adapter leurs conditions de travail, en leur offrant du temps partiel, par exemple. Le problème, aussi, c’est qu’il n’y a pas d’incitatif fiscal en ce moment», note Marie-Pier Matteau, directrice générale de la Chambre de commerce et d’industries de Trois-Rivières et présidente du Conseil régional des partenaires du marché du travail.

15 000 travailleurs disponibles

«En Mauricie, 15 000 personnes pourraient être disponibles sur le marché du travail si on cumule les gens actuellement au chômage et celles bénéficiant de l’aide sociale, mais le système ne favorise pas nécessairement l’intégration en emploi, poursuit-elle. Par exemple, il peut être insécurisant pour une mère monoparentale de laisser tomber l’aide sociale pour accepter un emploi au salaire minimum. Des ressources externes en emploi se font aussi appeler pour savoir s’ils ont des usagers plus éloignés du marché du travail qui pourraient être embauchés quelque part. Avec un bon accompagnement, ce sont des gens qui peuvent intégrer un emploi et être de beaux succès pour une entreprise.»

Il en a beaucoup été question dans les derniers mois: les immigrants représentent un bassin de main-d’œuvre intéressant. Toutefois, la Mauricie accuse un retard important à ce niveau. Moins de 1% de la main-d’œuvre régionale proviendrait de l’immigration à l’heure actuelle.

Dans le but de donner un nouveau souffle aux tables d’immigration et de se mobiliser pour favoriser la main-d’œuvre provenant de l’immigration, le ministère de l’Immigration, de la Diversité et Inclusion Québec a mandaté deux agents de concertation dans la région.

«La Mauricie doit se mobiliser, plaide Mme Matteau. Il faut aussi rendre la région plus attrayante et plus attractive. Établir un service de transport en commun interurbain entre Trois-Rivières et Shawinigan pourrait être une avenue intéressante. Le dossier du train grande vitesse s’inscrit dans cette même lignée puisque ça ouvrirait la région à des travailleurs provenant de l’extérieur.»

Ne pas avoir peur de la haute technologie

Parmi ses pistes de solution, le Conseil régional des partenaires du marché du travail identifie la mise en place de solutions créatives pour élargir le bassin de main-d’œuvre, que ce soit en misant sur des télétravailleurs résidant dans d’autres régions pour le secteur des technologies de l’information (TI), à titre d’exemple.

Des investissements importants dans l’optimisation, l’automatisation et la numérisation des processus de production pour que les entreprises prennent le virage 4.0 seraient également nécessaires.

«Je pense qu’on a longtemps eu peur que l’intelligence artificielle entraîne des pertes d’emplois, que ça «vole» des emplois. On est donc en retard en matière de technologie de haute performance en Mauricie. Oui, certains secteurs vont probablement disparaître, mais d’autres secteurs d’emplois vont apparaître pour compenser le tout», affirme Mme Matteau.

Cette dernière souligne également qu’il importe de sensibiliser les entreprises à ne pas faire décrocher les élèves de leurs études pour combler des postes en entreprise, puisque ça ne sera pas avantageux à long terme, cette main-d’œuvre risquant de ne plus être qualifiée dans plusieurs années.

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Une priorité pour la CCI3R

À la Chambre de commerce et d’industries de Trois-Rivières (CCI3R), on pouvait difficilement passer à côté de l’enjeu de la rareté de la main-d’œuvre, de sorte que cela a été identifié comme une priorité pour la prochaine année. «Ça fait 20 ans qu’on sait que ça s’en vient. On le savait que ça arriverait. J’ai une légère déception que ce soit juste l’année passée qu’on a parlé d’une nouvelle stratégie nationale pour la main-d’œuvre», indique Marie-Pier Matteau.

La CCI3R offrira ainsi du soutien à ses membres pour tenter de contrer cette rareté. Également, l’organisation tente d’inclure un axe concernant la gestion des ressources humaines dans ses différentes conférences, en plus d’offrir de la formation aux employeurs.