Emplois été Canada: les étudiants de plus de 30 ans exclus du programme

EMPLOI. Véronique Martel, étudiante en Techniques de travail social au Cégep de Trois-Rivières, estime qu’Emploi été Canada fait de la discrimination selon l’âge en limitant son programme d’emplois d’été aux étudiants âgés entre 15 et 30 ans.

Depuis deux ans, celle qui effectue un retour aux études a vu plusieurs possibilités d’emploi d’été reliés à son domaine d’études tomber à l’eau puisqu’elle est âgée de plus de 30 ans et que les emplois en question étaient financés par Emplois été Canada.

C’est quand elle a appliqué, il y a deux ans, sur un emploi d’été étudiant dans le CHSLD où elle avait fait un stage que le critère concernant l’âge est ressorti.

«J’ai postulé sur différents emplois étudiants, mais lorsque les gens prenaient connaissance de mon âge, on me disait que ce n’était pas possible compte tenu des critères du programme. Je ne comprends pas. Quand on est étudiant à temps plein, on est étudiant, peu importe l’âge», souligne Mme Martel qui se désole de voir que la très grande majorité des emplois d’été sont financés par Emploi été Canada.

«J’étais indignée qu’on me refuse une opportunité d’emploi en raison de mon âge», ajoute-t-elle.

«J’ai le droit de travailler durant l’été comme tout étudiant. (…) On nous offre des emplois dans notre domaine pour acquérir de l’expérience et se faire connaître des employeurs, mais nous, les étudiants en haut de 30 ans, on n’a pas le droit d’acquérir de l’expérience.»

Au final, Véronique Martel n’a pas pu avoir un emploi à temps plein l’été dernier dans son domaine. Elle a travaillé durant les fins de semaine dans un CHSLD.

Emploi été Canada ne subventionne pas que des emplois dans le milieu communautaire. De nombreux emplois dans le domaine de la culture, au Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie/Centre-du-Québec, ainsi que dans les entreprises privées sont subventionnés par ce programme.

La semaine dernière, la Démarche des premiers quartiers a vu passer un contrat qui n’était pas subventionné par Emploi été Canada. Cela lui a permis d’avoir un emploi d’été cette année.

Mais Véronique Martel n’est pas la seule à vivre cette situation. Elle-même connaît deux autres étudiantes de plus de 30 ans qui se sont butées au même problème.

Professeur en Techniques de travail social au Cégep, Jean-François Aubin confirme qu’il voit de plus en plus d’adultes effectuer un retour aux études depuis environ six ou sept ans.

«Le retour aux études est encouragé par la société. Des professeurs d’autres programmes techniques m’ont aussi confié en voir davantage. Ce critère basé sur l’âge du programme Emploi été Canada a aussi un impact sur les organisations», remarque M. Aubin.

Ce que confirme Caroline Guay, coordonnatrice de la Démarche des premiers quartiers: «Les emplois d’été nous permettent de connaître de futurs employés. Pour nous, cette situation que vit Mme Martel est inéquitable. On veut que tous les étudiants puissent être considérés dans ce programme».

Place à la mobilisation

Maintenant, Véronique Martel souhaite interpeller le gouvernement et la population sur ce qu’elle dit être de la «discrimination selon l’âge».

«Je demande au gouvernement de réviser la tranche d’âge pour permettre aux étudiants de plus de 30 ans d’être égaux aux autres et de respecter leur statut d’étudiants», déclare-t-elle.

La Démarche des premiers quartiers a déjà pris contact avec le député de Trois-Rivières, Robert Aubin, sur cette question. L’organisme invite d’ailleurs les organisations à contacter la Démarche au 819 371-9393 ou par le biais de sa page Facebook.

La Démarche des premiers quartiers prévoit ensuite interpeller le député François-Philippe Champagne à ce sujet.