Honorée pour son travail auprès des bébés prématurés

SANTÉ. L’infirmière et doctorante Marie-Josée Martel, de Saint-Boniface, est l’une des lauréates des prix Florence 2016 remis par l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec. Son travail auprès des bébés prématurés a contribué à changer les pratiques en néonatologie au Québec.

Professeure à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) et chercheuse associée au CHU Sainte-Justine, Mme Martel a fait connaître les soins du développement dans la province. Ces soins sont basés sur le plus important boom neurologique de l’humain, soit celui entre 24 et 40 semaines. Durant cette période, le cerveau du bébé quadruple et établit ses connexions nerveuses.

La base des soins du développement est le comportement de l’enfant prématuré. «Premièrement, il faut considérer que l’enfant nous parle. Il nous parle avec son langage corporel et il faut être à l’écoute de ce qu’il nous dit. Le langage corporel du bébé est le cœur de tout ce qu’on va faire en soins de développement», explique l’infirmière.

«Par exemple, si le taux d’oxygène de l’enfant diminue et qu’il arrête de respirer à tout bout de champ, il veut nous dire qu’il est rendu au bout du rouleau, ajoute cette dernière. Ce n’est donc pas un bon temps pour un kangourou avec papa ou maman (position verticale sur la poitrine). Au contraire, si le bébé regarde les quatre coins de son incubateur, c’est qu’il se sent bien et qu’il va tolérer la sortie en kangourou, la mise au sein ou n’importe quel soin.»

De plus, les infirmières adaptent l’environnement du bébé pour recréer le plus possible ce qu’il a vécu dans le ventre de sa mère. «On élimine toutes les lumières directes ou on cache les yeux de l’enfant si on a vraiment besoin de la lumière pour un soin. On va aussi diminuer le bruit et le ramener en position fœtale le plus possible», énumère Mme Martel.

Intégration parentale

Plus l’enfant est prématuré, plus les infirmières gèrent l’environnement pour lui. L’un des aspects primordiaux des soins du développement est l’intégration des parents. L’infirmière doit faire le trait d’union entre les parents et leur bébé, pour les aider à devenir les meilleurs spécialistes de leur enfant.

«Souvent, les parents vont regarder l’environnement et les machines au lieu de porter attention au langage corporel de leur enfant, a remarqué Mme Martel. Plus l’enfant adopte une position fœtale, plus l’enfant nous dit qu’il est confortable. Généralement, les parents vont remarquer que leur bébé n’a pas l’air bien, mais ne savent pas trop quoi faire à partir de ça.»

«On va aussi voir des parents qui ouvrent l’incubateur pour flatter le bras ou la jambe du bébé, poursuit la professeure. Très souvent, le bébé va avoir une réaction de retrait. C’est là que j’explique aux parents que c’est une réaction normale parce que le bébé n’est pas habitué à ce genre de contact. Il n’y a rien qui le flatte dans le ventre de la mère. Il faut plutôt y aller avec de légères pressions et des gestes englobants. C’est là qu’on va voir l’enfant s’apaiser.»

Plusieurs effets bénéfiques

Ces nouvelles pratiques ont fait leurs preuves au fil du temps. Parmi les effets bénéfiques mesurés, on remarque une sortie d’hôpital plus rapide et une mise au sein plus rapide. À plus long terme, les enfants s’intègrent mieux et ont moins de difficultés au niveau de leurs apprentissages. Les bénéfices ont été mesurés sous plusieurs aspects, notamment sur le plan cognitif et au niveau de l’attachement.

Formations offertes

Marie-Josée Martel et sa collègue Isabelle Milette offrent de la formation aux infirmières en néonatologie. Elles ont visité des hôpitaux aux quatre coins de la province, dont Montréal, Québec et Sherbrooke. Mme Martel a également rencontré le personnel infirmier des MRC de Bécancour et de Nicolet-Yamaska. En 2006, Mmes Martel et Milette ont publié un livre sur les soins de développement. Pour en apprendre davantage sur le sujet, consultez le site web soinsdudeveloppement.com