Un des derniers disquaires indépendants de Trois-Rivières

MUSIQUE. La profession semblait vouée à sombrer dans l’oubli et pourtant, quelques disquaires indépendants tiennent encore bon ici et là. Pierre Leboeuf est l’un d’entre eux.

En 2010, il a ouvert le magasin dont il rêvait depuis l’adolescence. Seule contrainte, il doit jongler entre deux emplois s’il veut survivre. Rencontre avec le propriétaire du dernier disquaire ayant pignon sur rue à Trois-Rivières, à l’angle des rues Saint-Olivier et Saint-Georges.

Situé dans un petit local pas plus gros qu’un placard, chaque mètre carré de METALPUNK est utilisé pour empiler de la musique sous toutes ses formes et de tous les genres. En effet, ne vous fiez pas au nom de la boutique, METALPUNK. Avec le temps, le propriétaire a élargi son inventaire dans l’espoir d’attirer une nouvelle clientèle.

La musique, ça rejoint tout le monde, affirme le propriétaire, Pierre Leboeuf. Dès l’ouverture à 13h, des gens de la rue et des adolescents autant que les cravates viennent faire leur tour à la boutique. Parfois, ils peuvent jaser de musique pendant des heures. C’est ça, le métier de disquaire!

La musique, un produit de luxe

Cependant, il a rapidement constaté que la musique était devenue un luxe. «Les gens sont pauvres de nos jours. Et quand ils n’ont pas beaucoup d’argent, ils vont plutôt chercher leur musique sur internet. Le marché à Trois-Rivières n’est pas comme à Montréal. Chaque fois qu’un de mes clients perd son emploi, je le ressens, alors qu’à Montréal, il y aura toujours quelqu’un pour le remplacer», illustre-t-il.

Le plus gros disquaire de la Ville en a justement payé les frais. En 2012, Le Colimaçon, au 1522 Rue Notre Dame Centre, a été contrait de mettre la clef sous la porte après 30 années de loyaux services. Pierre Leboeuf allait y acheter ses albums depuis l’âge de 14 ans avant de démarrer sa «business» chez lui.

«Il y a des journées où on court après notre argent. C’est une passion, parce que si tu penses vivre de ce métier aujourd’hui, ça ne fonctionnera pas, admet Pierre Leboeuf. Heureusement, je fais des contrats de peinture le matin, sinon ça ferait longtemps que j’aurais fermé boutique. Je n’ai pas le choix, si je veux survivre».

Il recherche même un troisième boulot afin qu’il lui reste quelques sous dans ses poches, car pour l’instant, tout est réinvesti dans sa boutique.

Malgré le nuage qui plane au-dessus de cette profession vouer à la disparition, il se donne encore cinq ans pour réussir à rendre son commerce rentable. «Lorsque j’ai décidé d’ouvrir METALPUNK après la fermeture de mon usine en 2009, je me suis dit que j’avais juste une vie à vivre. Je dois être patient», confie ce grand passionné.

Après tout, le vinyle a bien fait un retour inespéré dans les bacs au plus grand bonheur des collectionneurs et du chiffre d’affaires des disquaires. Tout revient à la mode!

Une foire pour les fins mélomanes

Les fins mélomanes pourront échanger, acheter et discuter ensemble de leur passion pour les indémodables 33 tours, les disques, sans oublier la cassette audio vintage, lors de la Convention de disques de Trois-Rivières qui regroupera une quinzaine de vendeurs du Québec, le samedi 1er août. De 9h30 à 15h, la salle de l’Auberge Godefroy à Bécancour se métamorphosera en lieu de rencontre pour les amateurs de musique et les collectionneurs de tous genres.