Briser le plafond de verre

FEMMES. Qu’est-ce qui caractérise le leadership au féminin? Mireille Lalancette, professeure en communication sociale, et Noémie Allard-Gaudreau, étudiante en communication sociale à l’UQTR, se sont penchées sur cette question dans une étude rendue publique la semaine dernière.

Le rapport de recherche, commandé par la Table de concertation du mouvement des femmes de la Mauricie (TCMFM), aborde les représentations du leadership, les obstacles que les femmes ont rencontrés, la vision qu’elles ont du plafond de verre et les conseils qu’elles ont à prodiguer aux femmes et aux hommes qui veulent suivre leurs traces.

«On voulait savoir quelles étaient les principales qualités et caractéristiques des femmes d’influence de la Mauricie. Mireille et Noémie ont ensuite fait des profils-types de leadership féminin qu’elles ont recoupés avec la littérature», explique Joanne Blais, coordonnatrice de la TCMFM.

«Ici, les femmes sont engagées dans leur communauté. On représente environ 30 à 33% des sièges des instances répertoriées, c’est-à-dire les conseils d’administration, conseil d’établissement, commissions scolaires, etc. C’est semblable à ce qui se passe ailleurs au Québec. Mais il y a toujours ce plafond de verre au-dessus de nous. C’est causé par la conciliation travail-famille, tout comme par le revenu moyen des femmes et des stéréotypes sexuels. Ce sont des obstacles qui nous empêchent de dépasser le seuil du tiers des sièges», ajoute-t-elle.

Des attentes plus grandes

Pour étayer leur rapport de recherche, les chercheuses ont recueilli les témoignages de 20 femmes de la Mauricie qui sont considérées comme des leaders dans la région.

Les femmes interrogées ont soulevé plusieurs défis rencontrés au fil du temps dans leur parcours, tels que les stéréotypes de genre et doubles standards, les attentes différencies en fonction de l’âge et la conciliation famille et travail/implication.

«Les attentes sont tellement plus grandes envers nous. Il faut que la femme performe plus, il faut que tu sois plus productive», y confie Sylvie Tardif, coordonnatrice à COMSEP et ancienne conseillère municipale à la Ville de Trois-Rivières.

«Tu es obligée de te prouver deux fois plus, de travailler deux fois plus que les hommes là-dessus», renchérit Danielle Bolduc dans son entrevue avec les chercheuses.

Apprendre à être un leader

Le leadership, ça s’apprend, soutient-on dans le rapport de recherche.

«Soyez bien informée, suggère Paule Brunelle, ancienne députée de Trois-Rivières à la Chambre des Communes. La formation peut être à l’université, elle peut être sur le terrain. On ne peut pas avoir du leadership si on n’est pas formée.»

«L’école, l’éducation… La connaissance est notre principale arme et liberté», souligne Johane Germain, initiatrice du convivium Slow Food Vallée de la Batiscan.

Il ressort aussi du rapport que pour exercer son leadership, il faut notamment être authentique et rester fidèle à soi-même, être passionnée, suivre son instinct et saisir les opportunités, mais surtout, oser.

«Je dirais qu’il y a beaucoup d’intuition chez le leader. Je pense qu’il faut écouter notre intuition. Il fait être courageuse», soulève Nadia Rousseau, professeure au département des Sciences de l’éducation à l’UQTR.

L’une des grandes clés du leadership féminin: se faire confiance.

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Des coupures à la TCMFM

La Table de concertation du mouvement des femmes de la Mauricie (TCMFM) fait actuellement face à un manque de financement, de sorte que l’organisation ne pourra pas présenter des activités de réseautage et de formation.

Cela implique aussi que les événements annuels des Mauriciennes d’influence, tels que les Prix Mauriciennes d’influence et le gala devant être présentés au printemps 2016, sont reportés jusqu’à ce que le financement soit au rendez-vous.

«Depuis 2007-2008, on avait au moins quatre activités de formation et de réseautage par année. Avec les restructurations et révisions de programmes causées par les mesures d’austérité, nous sommes encore en attente de savoir si nous aurons du financement pour poursuivre les activités des Mauriciennes d’influence», précise Mme Blais.