Portrait d’une double vie

TÉMOIGNAGE. Caroline Prud’Homme a une carrière professionnelle bien établie. Sa vie personnelle est d’autant plus remplie, car il y a un an, Caroline a appris que son père était diagnostiqué d’une maladie apparentée au Parkinson. Depuis, elle agit à titre de proche aidante.

Caroline Prud’Homme est coordinatrice du développement au service du développement institutionnel de l’Université du Québec à Trois-Rivières. Lorsque le diagnostic de son paternel est tombé, il a été intégré dans un CHSLSD qui se trouve à une heure trente de chez elle. Elle a instantanément décidé de réorganiser son temps et ses occupations afin d’être plus présente.

«On rit, on vit, on dédramatise!». Tels sont ses mots pour décrire son état d’esprit. Caroline réussit à organiser sa semaine entre son travail, sa vie de famille et son rôle de proche aidante.

Maman d’une petite fille, Caroline doit jongler entre les devoirs, les loisirs, ses obligations professionnelles, la gestion de tous les documents administratifs de son père et les visites chaque fin de semaine au centre d’hébergement.

«Je ne savais pas que moi-même j’étais une proche aidante»

Heureusement, elle n’est pas la seule proche aidante de son père. Avec son frère, ils se sont organisés pour se répartir les tâches et les rôles bien définis afin de s’assurer de mieux gérer la situation.

«Je ne savais pas que moi-même j’étais une proche aidante et un jour, je me suis rendu compte que j’en étais une même si c’était tout naturel d’aider mon père, confie-t-elle. Mon père est comme prisonnier de son corps, mais possède encore toute sa tête. Sortir, aller à un concert, faire des blagues, regarder un film et surtout voir sa petite fille grandir, c’est déjà un bonheur en soi», témoigne-t-elle.

Caroline reste très positive dans la façon de gérer la situation.

«Il est porté par l’amour donc il voit moins le temps passer. Les fins de semaine, on dit que l’on va au chalet et on niaise mon père sur la qualité de son repas au caviar. Il adore rire et juste une blague, c’est déjà un bon moment pour lui.»

«Quand on ne peut pas y aller une fin de semaine, on se sent un peu coupable. Quand l’on doit prendre une décision à sa place, on est tiraillé entre ce que moi, en tant que fille, je souhaite pour mon père, entre ce que mon père souhaite lui-même et entre ce que le médecin recommande. On veut l’accompagner du mieux qu’on peut dans le respect de ses choix, mais au bout du compte , c’est souvent difficile de choisir.»

Les proches aidants se retrouvent régulièrement face à des dilemmes qui les amènent à choisir entre ce que l’aidé désire et la solution préconisée par les médecins.

S’organiser

Le conseil de Caroline aux autres aidants est de gérer son approche pour que ce soit valorisant et redynamisant.

«Il faut s’organiser pour trouver notre compte et que ce ne soit pas une corvée, mais un moment d’échange. Par exemple, pendant le concert de Nicole Martin, au morceau  »Il était une fois des gens heureux », mon père s’est mis à pleurer, ému, car il ne pensait jamais pouvoir revivre cela. Il vibrait et j’ai eu l’impression de lui procurer du bonheur», conclut-elle.

Saviez-vous que… 10 695

En Mauricie, on recense environ 10 695 personnes âgées de 65 ans et plus avec une incapacité.

46 970

Nombre de proches aidants qui offrent soins et soutien auprès d’une personne malade plus d’une heure par semaine dans la région.

70% à 85%

Pourcentage de l’aide apportée aux personnes en perte d’autonomie au Québec provient des proches aidants.

59%

Pourcentage de proches aidants qui sont des femmes, majoritairement âgées entre 35 et 65 ans et dont la majorité est active sur le marché du travail.

(Source: Étude de l’AQESS et Appui Mauricie)