Des enseignants de Trois-Rivières reviennent de Suisse

HORLOGERIE. Le 31 mai dernier, Claude Bédard et Robert Plourde, enseignants à l’École nationale d’horlogerie, s’envolaient pour la Suisse pour un stage de perfectionnement. L’Hebdo Journal les a rencontrés et en a profité pour parler du programme d’horlogerie à Trois-Rivières.

Le but de ce voyage était d’acquérir l’expertise pour la mise en place et l’entretien de «l’Horloge Porte-Bonheure» qui sera installée au cours de l’été dans la ville de Québec. Cette horloge géante a été offerte en cadeau à Québec par le Canton du Jura pour souligner son 400e anniversaire.

L’École nationale d’horlogerie a été sollicitée dans ce projet compte tenu de l’expertise de ses enseignants et de son statut d’École nationale du Canada.

Robert Plourde enseigne au programme d’horlogerie de Trois-Rivières depuis 33 ans et Claude Bédard est là depuis l’automne 2000.

«Nous sommes la seule école au Canada alors la ville de Québec nous a contactés pour savoir si nous pouvions nous occuper de l’horloge. Ensuite, nous sommes allés en Suisse pour recevoir la formation pour entretenir l’horloge en question. C’est un prototype et ils n’en feront pas d’autres comme celui-là», explique d’entrée de jeu M. Plourde.

«C’est tellement complexe! C’est quelque chose d’unique au monde alors nous, il fallait être formés pour assurer l’entretien périodique parce que les gens de Suisse ne se déplaceront pas pour venir ici. Nous aurons la responsabilité d’assurer la réparation et l’entretien», ajoute M. Bédard.

L’horloge, conçue par Richard Mille, sera placée dans une cage de verre sur le site des Jardins de l’Hôtel de Ville de Québec. La réalisation de l’horloge aura nécessité 28 corps de métiers et plus de 10 000 heures travail.

«Lorsque nous avons vu le monstre, c’était épeurant! Mais les gens nous ont vraiment intégrés là-dedans, fait participer à 100% et ils veulent vraiment que ça fonctionne. À la fin de la semaine, plus rien ne nous faisait peur. Nous avons travaillé sur le mouvement en tant que tel, décortiqué et démonté des parties, nettoyé des pièces et participé aux ajustements», explique M. Bédard.

«J’ai aussi été surpris par la complexité. C’est impressionnant le fait que ce soit une pièce unique. C’est un projet d’envergure qui aura duré plus de six ans. C’est phénoménal comme produit et comme technologie. C’est construit dans les standards de la haute horlogerie», ajoute M. Plourde.

Un programme en santé

Contrairement au mythe qui dit qu’il y a de moins en moins d’emploi dans le domaine de l’horlogerie, le programme d’horlogerie est en demande… et les étudiants tout autant.

«Nous avons des étudiants de partout, de Vancouver, de Toronto, d’Ottawa, du Pérou, d’Haïti et même de Madagascar. Nous offrons l’enseignement individualisé et le cours se donne sur une période d’un an et demi. Il faut ajouter un six mois à l’attestation-spécialisation (ASP). Ce sont donc des entrées variables. Nous avons 25 places de disponibles et on se maintient à 25 places. Ceux qui vont entrer en août sont sur une liste d’attente», soutient M. Bédard.

Le programme a été mis sur pied en 1946 et depuis 1998, l’école de Trois-Rivières est la seule en Amérique du Nord. Certaines compagnies de partout dans le monde contactent le programme d’horlogerie pour approcher des élèves pendant leur cours.

«Les offres d’emplois sont en hausse puisqu’il y a pénurie. Qui dit pénurie dit besoins, donc qu’il y a des emplois qui s’offrent aux gens sans problème. Avant même de finir leur cours, ils ont des emplois de soir ou de fins de semaine. Ils peuvent choisir le coin où ils veulent aller travailler selon leurs affinités et leurs intérêts. Nous avons des demandes qui sont faites de façon régulière de partout. L’an dernier nous avons eu des demandes de Beverley Hills, de New York et quatre du Texas», note M. Plourde.

Les finissants peuvent se retrouver sur le marché du travail, entre autres, dans une bijouterie classique, dans des entreprises de services bancaires, en micromécanique ou encore en horlogerie.