Johanne aspire maintenant à une vie meilleure

Après avoir été battue, violée et agressée pendant plus de 30 ans par ses parents, la Trifluvienne Johanne Bourassa obtient enfin justice et espère tourner la page d’une longue et pénible épisode de sa vie.

Johanne Bourassa, deuxième d’une famille de neuf enfants a passé la majeure partie de sa vie soumise aux sévices sexuels de son père et de sa mère. Or, ce n’est qu’après plusieurs années, en 1998, qu’elle trouve la force de dénoncer officiellement ses bourreaux. Ayant mis un terme à ses jours peu de temps après la dénonciation, Jacques Bourassa, le père de Johanne, a fait en sorte que les accusations contre la mère sont tombées. C’est en 2004, que Johanne Bourassa porte une nouvelle plainte contre sa mère. Mardi dernier, Suzanne Noël, la mère pédophile, également résidente de Trois-Rivières, a reçu sa sentence au Palais de Justice de Joliette – où se sont produits les derniers événements -, écopant de 40 mois d’emprisonnement.

Reconnue coupable de huit chefs d’accusation, soit d’agression sexuelle, grossière indécence, attentat à la pudeur et voies de fait sur deux mineures, dont Johanne Bourassa, la dame de 63 ans passera les trois prochaines années derrière les barreaux. Lorsque les policiers lui ont passé les menottes mardi, la pédophile est restée de glace, ne démontrant que peu d’empathie à l’égard des victimes. «Elle se moque complètement de nous autres et de ce qu’elle nous a fait subir. Toute ma vie, je me suis sentie trahie et rejetée comme un animal qu’on envoie à l’abattoir. Les parents ont l’obligation de protéger leur enfant et non pas de profiter de leur faiblesse pour les abuser. Alors que le verdict est tombé, elle ne reconnait même pas la vérité et ne semble avoir aucun regret.», a mentionné Johanne Bourassa, présente au moment où le juge a rendu sa sentence.

Quoiqu’elle soit satisfaite du verdict, Johanne Bourassa considère que la page sera difficile à tourner. «Ce passé d’abus et d’agressions sexuelles me hante continuellement. Je vis dans l’anxiété, la peur, la colère et la honte. À tous les jours, je pense à ce qui s’est passé, comme un mauvais film d’horreur qui se projette continuellement dans ma tête, mais où les principaux acteurs sont mes parents, et ce n’est pas de la fiction, mais bien la réalité à laquelle je dois faire face.», raconte-t-elle. Mentionnant s’accrocher à la vie grâce à l’amour de ses enfants et du support psychologique du Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC), Johanne Bourassa rappelle que la partie est loin d’être gagnée. «Aujourd’hui, je dois vivre avec ma décision, vivre avec le fait que ma libération continue de diviser ce qu’il me reste comme famille et d’alimenter la chicane au sein de ceux qui ont décidé de taire ce qui s’est passé et de l’enterrer avec eux. Mais, pour moi, c’était important de les dénoncer et de faire connaître la vérité.», ajoute-t-elle, sans le moindre regret. Traitée toute sa vie, confie-t-elle, comme une menteuse et une moins que rien, elle dit avoir trouvé le moyen de se libérer. «Désormais, ma tête est sortie de l’eau et je peux enfin respirer un peu. J’ai le droit de vivre comme tout le monde, d’avoir une vie paisible. Je sais que je n’oublierai jamais. Tout ce que je veux, c’est qu’on me laisse tranquille et tenter de passer à autre chose avec mes amours que sont mes enfants.», conclut-elle.