Dans l’antre de la crypte

SAINTE-ANNE-DE-LA-PÉRADE. Un petit bruit strident accueille les visiteurs. Des ultrasons pour éloigner les chauves-souris. La porte s’ouvre. Devant: un grand corridor, légèrement éclairé, et de chaque côté, des tombeaux. Bienvenue à la crypte de l’église de Sainte-Anne-de-la-Pérade.

Saviez-vous que la crypte de l’église de Sainte-Anne-de-la-Pérade, l’une des rares cryptes ouvertes au public au Québec, a accueilli, jusqu’en 1947, plus de 180 dépouilles?

«C’est un vrai cimetière souterrain. Il faut savoir que dans l’Antiquité, on envoyait les corps hors des villes. C’est avec l’arrivée des premiers Chrétiens qu’on a vu apparaître de nouvelles traditions. C’est que par peur de se faire piller les tombes, les Chrétiens ont commencé à créer des cimetières souterrains. Ils n’identifiaient pas les corps afin que personne ne puisse faire de lien avec la famille», explique Caroline Trépanier, adjointe à la coordination aux Récits qui font jaser.

Surtout les notables

Au Moyen-Âge, cette tradition a pris de l’ampleur. Des lieux de culte se construisent. Certains privilèges sont alors instaurés. Seuls les saints ou les personnes ayant accompli des choses extraordinaires sont inhumés sous les églises.

À l’époque de la Nouvelle-France, les seigneurs, à leur mort, étaient inhumés sous leur banc d’église.

«Dans un village comme ici, ce sont principalement les notables qui pouvaient être inhumés dans la crypte, c’est-à-dire les médecins, les maires, les politiciens, etc. D’autres citoyens très croyants ou qui travaillaient à l’église pouvaient également y avoir leur place», précise Caroline.

En Europe, les cryptes étaient tellement remplies, à une époque, que les gens étaient enterrés tout le tour de l’église. La croyance voulait que lorsqu’il pleuvait, l’eau tombant sur le toit de l’église était bénie et bénissait ensuite les corps sur lesquels elle ruisselait en chutant au sol.

Dans la crypte

Plusieurs personnalités ayant marqué l’histoire de Sainte-Anne-de-la-Pérade ont été inhumées dans la crypte de l’église.

En plus de six curés, on retrouve le tombeau de John Jones Ross, premier ministre du Québec au 19e siècle et également médecin ayant pratiqué dans la municipalité. Jeffrey Alexandre Rousseau, banquier et homme politique fédéral et municipal, y trouve aussi sa place. En étant attentif, on peut aussi discerner six petits tombeaux d’enfants.

Au bout du corridor, on distingue le moteur de l’orgue Casavant de l’église.

Visites

La saison des visites de la crypte est terminée pour 2014. Toutefois, des groupes d’une vingtaine de personnes peuvent réserver pour une visite même durant la saison froide. Les visites reprendront leur cours normal à compter de l’été 2015.

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Les pieds vers l’autel

Fait cocasse: les pieds de tous les citoyens inhumés dans la crypte font face à la porte d’entrée de la crypte, qui correspond à la direction de l’autel dans l’église. À l’inverse, les pieds des curés font plutôt face au fond de la crypte, soit l’entrée de l’église. Pourquoi? Pour permettre aux morts d’assister à la messe et aux curés de la donner.