Le paradoxe du deuil animalier

DOSSIER. France Carlos est l’une des rares spécialistes en deuil animalier au Québec. Selon elle, les tabous qui entourent les sentiments liés à la perte d’un animal sont contradictoires avec la manière dont on traite ces petites bêtes de leur vivant.

Par Patricia Blackburn

Vêtements, jouets, coiffures, croquettes enrichies d’omega 3, assurances santé ou dentaire, les propriétaires d’animaux dépensent beaucoup pour pitou ou minou.

Certains couples ou personne seule vont même jusqu’à traiter leur animal de compagnie comme leur propre enfant, poussette à l’appui.

«Il s’agit d’un tout autre statut que celui qui prévalait il n’y pas si longtemps, remarque Mme Carlos. Avant, l’animal avait une utilité, il aidait l’humain dans un travail. Aujourd’hui, on le considère comme un membre de la famille. On investit de l’argent, mais on développe aussi des sentiments. Et avec les soins du vétérinaires, il vit de plus en plus longtemps.»

Paradoxalement, la manière dont est envisagée la perte d’un animal est, elle, restée à peu près la même.

«On entend souvent les gens dire, "tu pleures encore ? Ben voyons, c’est juste un chien!"», rapporte la spécialiste. Pourtant, le deuil serait pour certaine personnes aussi difficile à faire que s’il s’agissait d’un humain. «Et plus une personne se prive d’en parler, à cause notamment des tabous, plus le deuil peut devenir douloureux.»

Le recours à des rituels, tel participer à l’incinération (ce qui est maintenant possible en demandant à son vétérinaire) ou faire des funérailles avec cérémonie, contribue pour certains au processus du deuil.

Mme Carlos se réjouit d’ailleurs de voir que de plus en plus d’options sont offertes aux propriétaires endeuillés, un signe que les mentalités changent tranquillement.

Un livre pour mieux vivre son deuil

Pour ceux qui aimeraient aller plus loin sur le sujet du deuil animalier, France Carlos est l’auteur du livre Deuil animalier, guide de survie, publié chez Broquet. Elle est également l’auteur d’un livret intitulé Mieux vivre le départ, distribué dans certaines cliniques vétérinaires.